Ada Colau : perdante
Ada Colau a été élue maire de Barcelone en pleine crise économique, et son programme possédait une certaine noblesse : défendre le plus faible face au plus fort. Malheureusement la maire s’est enfermée dans un cercle unique : la gauche radicale. Colau pour diriger une ville aussi diverse, hétéroclite, plurielle et cosmopolite que Barcelone n’a jamais su parler au grand nombre et ne s’adressait qu’à son noyau de fidèles. Au sein du conseil municipal sortant où elle gouvernait en minorité Ada Colau n’a su pactiser ni avec les indépendantistes de gauche, ni avec le groupe de Carles Puigdemont, ni avec les socialistes ou avec l’extrême-gauche de la Cup. Pendant cette campagne Ernest Maragall n’a pas beaucoup attaqué Colau, sauf sur un point : la mairesse tournait le dos à la majorité des Barcelonais, Européens inclus. Colau perd la mairie et n’effectuera pas de second mandat.
Ernest Maragall : le gagnant
Si Ernest Maragall n’a jamais attaqué frontalement la maire sortante, les amis de Colau ont violemment attaqué l’indépendantiste de gauche. Laura Pérez numéro quatre de la maire a lancé vendredi, dernier jour de campagne, un désagréable « nous les femmes nous n’aimons pas les vieux » en référence aux 76 ans de Maragall. Finalement l’indépendantiste coiffe au poteau Colau et remporte -sur le fil- le scrutin. Avec seulement 10 conseillers municipaux sur un consistoire de 41, Ernest Maragall peut essayer de gouverner en solitaire avec sa fragile majorité. Il peut aussi tenter de s’appuyer sur les 5 élus du parti de Puigdemont, les 10 élus de Colau ou les 8 socialistes. Les heures et jours à venir montreront quel chemin souhaite prendre le nouveau maire.
Manuel Valls : en politique on ne meurt jamais
Manuel Valls voulait être maire de Barcelone. Il obtient 13% des voix et finit 4e sur 6. Il aurait pu terminer dernier ou avant-dernier du scrutin, un scénario catastrophe que n’excluaient pas ses équipes pendant le dépouillement des urnes. Selon la théorie du verre à moitié vide : le résultat est catastrophique pour un homme d’Etat de l’envergure de Valls. Avec le verre à moitié plein, l’ancien Premier ministre peut rebondir, notamment lors des prochaines élections catalanes, qui auront probablement lieu au cours de l’année 2020, et le renouvellement d’une partie du Sénat suite à ces élections. “Il est clair qu’il veut jouer un rôle dans la politique nationale et la voix la plus rapide d’aller faire de la politique à Madrid, c’est de devenir sénateur pour Ciudadanos aux prochaines catalanes” explique le politologue catalan Gabriel Colomé.
Jaume Collboni : le chanceux
Jaume Collboni est un dandi. Il a d’ailleurs mener sa campagne à un rythme beaucoup plus lent que les autres candidats. Celui qui a été qualifié par ses amis et ses ennemis de « pire candidat du parti socialiste » pour sa transparence et son manque d’énergie réalise un score extrêmement bon en envoyant 8 conseillers municipaux au nouveau consistoire. Collboni a bénéficié de la vague socialistes déclenchée par la victoire du Premier ministre Pedro Sanchez aux législatives du 28 avril. Selon la tournure des événements que prendra l’investiture d’Ernest Maragall, le socialiste pourrait avoir un rôle à jouer dans la future majorité municipale.
Elsa Artadi : la chute
Elsa Artadi, ancienne porte-parole du gouvernement catalan, s’est lancée dans la course aux municipales parce que son mentor Carles Puigdemont lui a demandé. Officiellement Artadi est la numéro deux sur la liste de l’ancien ministre de l’intérieur catalan Joaquim Forn incarcéré depuis la déclaration d’indépendance. Quand on connaît Elsa Artadi, c’est un personnage sympathique et positif. Problème : la jeune candidate n’a aucune expérience municipale et s’est retrouvée dans cette élection comme un cheveu sur la soupe. Les voix indépendantistes se sont majoritairement reportées sur Ernest Maragall en vertu du vote utile pour faire barrage à Ada Colau.
Josep Bou : le survivant
Le Partido Popular (PP), qui a dirigé l’Espagne avec le Premier ministre Mariano Rajoy, accumule les défaites en Catalogne depuis la crise indépendantiste. Après avoir perdu son groupe de députés au Parlement catalan et après le fiasco des élections législatives du 28 avril dernier, le PP est en voie de disparition en Catalogne. Malgré tout l’entrepreneur Josep Bou sauve les meubles et arrive à envoyer au consistoire deux élus de son parti. Soit un de moins que lors du scrutin de 2015.
Anna Saliente : la déception
L’extrême-gauche indépendantiste, qui rythme le processus séparatiste depuis 2015 avec un discours maximaliste, n’atteint pas la barre des 5% et disparaît du conseil municipal où elle siégeait avec 3 élus depuis 2015.
Jordi Graupera : le désastre
Le candidat le plus indépendantiste de cette élection, qui pensait jouer un rôle dans la prochaine majorité pour forcer Ernest Maragall à prendre des décisions entraînant un conflit avec Madrid n’entre pas au conseil municipal. Il n’atteint pas la barre des 5% ouvrant les portes de la Mairie.