Les indépendantistes catalans bloquent l’élection du président du Sénat espagnol

Nouvelle crise entre la Catalogne et l’Espagne. La majorité indépendantiste a réussi à obstruer depuis Barcelone l’élection du socialiste Miquel Iceta à la présidence du Sénat. Récit d’un nouveau fiasco.

Le président du Sénat espagnol ne sera pas le socialiste catalan Miquel Iceta comme l’avait annoncé la semaine dernière le Premier ministre Pedro Sanchez. Les 65 députés indépendantistes catalans ont réussi à faire capoter l’élection et ridiculiser au passage le Premier ministre.

Pour comprendre la manœuvre, il faut avoir en tête le système électoral espagnol. Le Sénat est la chambre qui représente les différentes régions de l’État espagnol. Chaque parlement autonome désigne ses sénateurs qui iront siéger à Madrid. En règle générale c’est une simple formalité : les partis politiques, en fonction des résultats obtenus aux élections, formulent un souhait devant l’ensemble du parlement afin d’envoyer leur candidat au Sénat. Via un vote en séance plénière les députés valident la candidature du futur sénateur. Depuis 1981, dans une logique de courtoisie parlementaire, il n’y a jamais eu de refus dans aucun parlement.

Mur indépendantiste

Mais les indépendantistes catalans comptent cette fois utiliser leur majorité absolue afin de mettre un veto sur la proposition du groupe socialiste de désigner comme sénateur Miquel Iceta. Une fois devenu sénateur, les socialistes qui disposent de la majorité absolue au Sénat, projetaient de l’investir président de la chambre haute. Le Premier ministre Pedro Sanchez voyait ici un geste envers les indépendantistes : un Catalan pour diriger le Sénat.

Las, les relations entre le pouvoir socialiste et les indépendantistes sont pour le moment mauvaises. Sous les regards attentifs des droites qui accusent la gauche de pacte faustien, Pedro Sanchez est fermé comme une huître : il ne prévoit aucun avantage institutionnel  pour les indépendantistes. En tous cas jusqu’aux prochaines élections municipales, régionales et européennes du 26 mai.

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Miquel Iceta lors d’une interview Equinox

Loin de la courtoisie parlementaire habituelle, les indépendantistes auraient voulu que Miquel Iceta, président du groupe socialiste et personnage important dans la galaxie Pedro Sanchez, négocie sa désignation par le parlement. Le premier pas était d’aller visiter en prison Oriol Junqueras, le chef de la gauche indépendantiste incarcéré depuis 18 mois suite à la déclaration d’indépendance. Miquel Iceta, homme très proche du Premier ministre et représentant la frange modérée des socialistes encline au dialogue avec les indépendantistes, a refusé expliquant que ce geste pourrait être perçu comme un pacte du gouvernement avec l’indépendantisme. Sa désignation est par conséquent tombée à l’eau.

Le vote se tiendra demain au parlement catalan, mais réserve peu de surprises quant à son issue. Miquel Iceta a déjà indiqué qu’il allait saisir le Tribunal constitutionnel pour débloquer la situation, estimant que le parlement outrepasse l’esprit de la loi électorale. « Je n’ai pas encore acheté mon billet de train pour me rendre à Madrid, je suis prudent » a lancé à la presse comme une boutade triste le socialiste déçu.

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