Faut-il construire une mosquée géante au centre-ville de Barcelone?

Le projet de construire une mosquée géante dans les anciennes arènes de Barcelone est relancé à l’occasion de la campagne municipale. 

Dans toutes les grandes villes européennes se pose la même question en cette époque de laïcité dominante: faut-il construire avec les deniers publics des mosquées pour éviter que celles-ci ne soit contrôlées par des extrémistes ?

Serpent de mer politique, ce thème revient à chaque campagne électorale. A Barcelone, c’est l’ancien ministre de l’Intérieur français Manuel Valls qui a mis le tapis de prière sur la table. « Il est important que toutes les religions soient représentées dans l’espace public » affirme le candidat à la mairie de Barcelone, soutenu par le parti de droite libérale Ciutadans. La proposition de Manuel Valls a trouvé un écho favorable chez tous les prétendants à la mairie, à l’exception des socialistes et de la droite conservatrice du Partido Popular (PP).

Le PP avait déjà tiré la sonnette d’alarme lors des élections municipales de 2015, en accusant le maire Xavier Trias de projeter de construire une mosquée géante au centre-ville de Barcelone. Une négociation avait eu lieu entre la communauté musulmane de Barcelone et l’émir du Qatar. Ce dernier voulait racheter les anciennes arènes de La Monumental à hauteur de deux milliards d’euros pour y fonder une mosquée géante.

Les divisions ethniques et linguistiques au sein de la communauté musulmane barcelonaise avait alors fait capoter l’opération. Pakistanais, Marocains et Subsahariens n’ont pas réussi à s’entendre pour se répartir les espaces et une certaine forme de pouvoir sur leurs fidèles. Au sens littéral aussi: la langue commune pour prier et enseigner au sein de cette éventuelle mosquée n’a jamais pu trouver de consensus.

La Catalogne et l’attrait des musulmans

4,2% des Espagnols sont musulmans selon les chiffres de l’Union Islamique d’Espagne. Deux millions de fidèles se répartissent sur la frange méditerranéenne du pays, de Gérone à Malaga. La Catalogne est la zone géographique de l’État espagnol qui héberge le plus de musulmans. Pour organiser leur culte, ces derniers disposent de 265 salles de prières et de trois mosquées à Cornellà, Salt et Torroella de Montgrí. Selon les données du gouvernement de Catalogne, une centaine de ces lieux seraient salafistes, la frange la plus radicale de l’islam.

A Barcelone, la seule mosquée est de taille réduite: Camino de la Paz se situe dans le Raval avec une salle de 200 m2. Les 600 fidèles doivent tant bien que mal organiser différents tours de prières chaque vendredi. Une vingtaine d’autres petites salles, qui flirtent avec la clandestinité et donc le radicalisme, sont disséminées dans la ville.

Si le projet de grande mosquée, probablement à la place des arènes La Monumental, revoit le jour avec la mise en place de la nouvelle mairie en juin prochain, le dossier sera hautement polémique. Quand la mosquée du Raval a été construite, les voisins affolés avaient fait circuler une pétition, recueillant rapidement 3000 signataires.

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