Huit mois après son investiture, sans majorité au parlement, le Premier ministre Pedro Sanchez convoque des élections générales au 28 avril prochain.
Mercredi dernier, le gouvernement espagnol n’a pas pu faire adopter le texte le plus important de l’année. Les droites (Partido Popular et Ciutadans) et les partis indépendantistes se sont ligués au parlement contre le Premier ministre socialiste pour empêcher l’approbation de la loi des finances.
Les droites ont voulu sanctionner Pedro Sanchez pour avoir tenté de dialoguer avec le gouvernement indépendantiste à Barcelone pour faire baisser la tension du conflit territorial. Les indépendantistes, au contraire, ont fait tomber le Premier ministre en raison du manque de volonté d’apaisement du gouvernement dans l’actuel procès des leaders catalans. Le parquet, très nerveux, demande une vingtaine d’années de prison pour chaque responsable, Pedro Sanchez a été invité par le camp séparatiste à faire pression sur le procureur pour faire baisser les réquisitoires. Sans succès.
Coincé entre le marteau et l’enclume, le Premier ministre n’avait d’autre porte de sortie que la dissolution du parlement, afin de convoquer des élections législatives anticipées. A la suite d’un Conseil des Ministres extraordinaire, a annoncé ce matin la date choisie par le gouvernement : le dimanche 28 avril 2019. « Entre continuer sans nouvelle loi des finances et convoquer des élections, je choisis la deuxième option » a déclaré le chef du gouvernement.
Une campagne sur fond de procès
Mais un problème de taille se pose: la campagne électorale se déroulera en même temps que le procès des indépendantistes. Les partis catalans se retrouveront à la fois sur le banc des accusés et sur la scène de la campagne électorale. Idem pour le parti d’extrême droite Vox, qui est partie civile dans le procès avec un temps de parole important, et qui devrait effectuer une percée nationale lors de ces élections.
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Un scénario qui augure une campagne d’une violence inouïe. Pour ne pas paraître laxiste dans le dossier catalan, les droites du Partido Popular et Ciutadans s’alignent sur les propositions les plus dures de l’extrême-droite de Vox. Suspension de l’autonomie politique catalane sine die, prise de contrôle des Mossos d’Esquadra et de TV3. En cas de condamnation des leaders indépendantistes, les trois droites mettent un point d’honneur à ce que les peines de prisons ne s’effectuent pas en Catalogne, mais loin des familles.
Les sondages donnent victorieux une coalition droite-extrême droite. Carles Puigdemont et les secteurs les plus jusqu’au-boutistes de l’indépendantisme voient d’un bon œil un gouvernement central radicalisé contre la Catalogne, persuadés que l’Espagne ira trop loin et s’attirera les foudres de l’Europe.