L’ancien Premier ministre interpelle les institutions européennes suite aux lettres envoyées samedi par la maire de Barcelone Ada Colau. Il défend la légitimité du procès des indépendantistes qui débutera demain à Madrid.
Ada Colau, candidate à sa réélection, a alerté l’Europe en fin de semaine dernière sur ce qu’elle considère comme « une situation anormale en Europe ». Dans un courrier adressé au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, à celui du Parlement européen Antonio Tajani et au président du Conseil de l’Europe Donald Tusk, Ada Colau a fait part de son« inquiétude » ainsi que de celle de sa municipalité quelques jours avant le début du procès des douze dirigeants indépendantistes poursuivis pour rébellion et malversation financière.
Deux jours plus tard, le candidat Valls a lui aussi envoyé un courrier aux trois institutions européennes. « La lettre de Manuel Valls revient sur la lettre d’Ada Colau […] et dénonce sa version biaisée et fausse de la situation politique en Catalogne et en Espagne » indique l’équipe de presse du candidat dans un communiqué. Selon l’ex-Premier ministre, la maire de Barcelone discrédite la démocratie espagnole, et il se devait donc d’écrire à son tour aux institutions européennes pour qu’elles « sachent la vérité sur ce qu’il se passe actuellement en Espagne », et « parce que nous nous connaissons depuis longtemps » ajoute-t-il à l’attention de Jean-Claude Juncker.
« Des leaders déguisés en pacifistes »
Dans le courrier, Manuel Valls déroule son habituel discours sur la légitimité du Tribunal suprême, la gravité des faits jugés et la place de la Catalogne en Espagne. Il précise que le « projet sécessionniste catalan, oligarchique, identitaire, non solidaire est parfaitement assimilable aux tendances politiques les plus dangereuses qui se sont durcies ces dernières décennies en Europe » et que « ses leaders, déguisés en pacifistes ouverts au dialogue, misent sur l’imposition des idées et sur des approches populistes, et reçoivent l’appui et la compréhension des partis xénophobes, des personnes condamnées pour des actes terroristes et par l’extrême-droite de toute l’Europe ».
Le candidat, qui a manifesté aux côtés du Partido Popular, de Ciutadans et de Vox hier à Madrid, termine en précisant que le procès qui débutera demain « possède une transcendance qui dépasse les frontières de la Catalogne et de l’Espagne » et que les faits de l’automne 2017 ont constitué une agression envers l’Espagne mais aussi envers l’Europe. Jean-Claude Juncker, lui, s’est toujours prononcé contre la sécession catalane, et s’était fin 2017 déclaré « très inquiet » face aux événements politiques.