Si le gouvernement catalan ne se focalise que sur le thème de l’indépendance, il prend le risque de se retrouver en décalage avec la société qui se préoccupe des problématiques quotidiennes.
Il existe des problèmes importants en Catalogne, notamment dans le domaine de la santé, où le gouvernement catalan est l’un des rares en Espagne à ne pas avoir récupéré les budgets du secteur après les coupes budgétaires de la crise économique de 2011. Le ministère de la Santé catalan prévoit de recruter plus de 200 nouveaux médecins cette année. Podemos, qui négociait jusque-là les budgets 2019 de la Catalogne avec le gouvernement catalan, vient de claquer la porte au nez de la Generalitat. Le parti de gauche estime qu’il faut embaucher 850 professionnels de la santé cette année.
La crise du logement est également un problème que doit affronter la Generalitat. Podemos, qui se voyait partenaire du gouvernement, ambitionnait une injection de 450 millions d’euros dans le parc de logements publics. La Generalitat n’en dépensera que quarante.
Le ministère de l’Éducation tente de reprendre la main dans le dossier des crèches. Là aussi, la situation est tendue depuis la crise économique du début des années 2010. Le gouvernement d’Artur Mas s’était débarrassé de la gestion et du financement des crèches publiques, en les transmettant aux mairies. La Generalitat veut reprendre ses responsabilités en la matière et projette vingt millions d’euros pour le secteur.
Budget bloqué
A Madrid, le gouvernement socialiste attend le soutien des députés catalans au Parlement national pour approuver les budgets de l’État espagnol. Sans majorité claire, le Premier ministre socialiste a besoin du vote des indépendantistes pour approuver les comptes. À l’heure actuelle, la gauche et la droite souverainistes catalanes refusent de mêler leur voix aux socialistes espagnols. Auquel cas, les indépendantistes catalans se retrouveraient eux aussi en minorité au Parlement de Catalogne pour approuver les budgets de la Generalitat. La CUP se place desormais dans l’opposition et n’apporte plus son soutien au gouvernement de Quim Torra, pas assez séparatiste du point de vue de l’extrême gauche indépendantiste. Pour voter ses budgets les partis catalans au pouvoir, le centre droit de PDeCAT et le centre gauche d’ERC devront trouver un allié, comme les socialistes ou Podemos. Si l’indépendantisme ne vote pas les budgets espagnols, les partis espagnols ne voteront pas les budgets au Parlement de Catalogne en représaille.
La Generalitat devra alors proroger les comptes 2018, qui seront très serrés, ce qui provoquera des tensions pour financer les remboursements aux pharmacies des médicaments pris en charge par la sécurité sociale, le 13e mois des fonctionnaires ou la gestion des mineurs immigrés en Catalogne.
Société
Pour ne pas perdre le contact avec la société catalane, le gouvernement devra donc réussir à trouver des réponses adaptées aux problèmes de ses citoyens. Le fiasco de la gestion de la guerre entre les taxis et les VTC, qui devrait se conclure par l’approbation demain en Conseil des ministres d’un décret mettant dehors Cabify et Uber, ne va pas dans ce sens.
Dans une étude du centre d’opinion catalan qui a été publiée vendredi, la principale préoccupation des Catalans (31,3%) est le chômage et la précarité du travail. En seconde position, se place l’insatisfaction face à la classe politique (30%). La relation entre la Catalogne et l’Espagne arrive désormais en troisième position mais reste importante (29,4%), viennent ensuite la santé (25,5%), l’éducation (15,5%), le logement (14%) et enfin l’immigration (12,4%).