2019 marquera l’arrivée significative de l’extrême-droite dans les institutions politiques espagnoles. Vox, le Front National local, pourrait effectuer une percée aux élections régionales et municipales du printemps comme ce fut le cas en décembre dernier en Andalousie.
Pour la première fois depuis le rétablissement de la démocratie, un parti occupe les bancs de l’extrême-droite dans un parlement de l’État espagnol : une douzaine de députés andalous.
Si le Premier ministre Pedro Sanchez ne résiste pas à la pression politique hostile et convoque des élections nationales anticipées, Vox pourrait recueillir 13% des voix et entrer en force au parlement espagnol avec plus de 40 sièges si l’on en croit les derniers sondages.
Classique
Refus total de l’avortement, contrôle drastique de l’immigration, primauté de la Constitution nationale sur le droit européen, le programme de Vox s’inscrit dans la tendance des droites radicales du vieux continent. Avec la spécificité locale de vouloir supprimer les autonomies politiques, particulièrement la Catalogne et le Pays Basque, pour redonner à l’État central les compétences en matière de sécurité, éducation, culture et santé.
Pactes
En Andalousie, la droite traditionnelle du Partido Popular a rapidement conclu une alliance avec Vox. Les libéraux de droite, Ciutadans, ont signé un accord de gouvernement directement avec le Partido Popular (PP), donc indirectement avec Vox.
Sans cordon sanitaire, concept qui n’existe pas dans la jeune démocratie espagnole, une grande coalition des trois droites pourrait rapidement former un gouvernement central après avoir gagné les élections législatives. Un scénario que demande ouvertement Jose-Maria Aznar, ancien Premier ministre du Partido Popular entre 1996 et 2004. Depuis la chute de Mariano Rajoy, Aznar est (re)devenu la référence morale des droites espagnoles.
Deux éléments factuels offrent un dynamique à Vox pour réussir à s’inscrire comme acteur crédible au sein de collations municipales, régionales ou nationales. Premièrement, l’irruption de ce courant dans le jeu politique arrive plus tard en Espagne que chez ses voisins, probablement en raison de 40 ans de dictature qui ont pris fin en 1975. Le Parti de la liberté d’Autriche obtint 27% des voix en 1999 et arrivait au pouvoir. Jean-Marie Le Pen décrochait le second tour de l’élection présidentielle en 2002. L’Alliance néo-flamande accédait au gouvernement fédéral belge en 2014. Même scénario pour les Finlandais un an plus tard. Vox ne subit donc pas l’érosion des dérapages médiatiques façon Front National.
La seconde différence entre Vox et ses cousins est l’origine de la fondation du parti. Le Front National français fut une création complètement indépendante du reste des forces politique du pays, dirigée ensuite par l’électron libre et adepte des dérapages douteux Jean-Marie Le Pen. Rien de tout ça avec Vox qui ne naît pas dans la marginalité mais à la suite d’une scission avec le Partido Popular en 2013, alors que celui-ci était au pouvoir. Une poignée d’élus locaux quittaient alors le PP pour créer un mouvement qui retrouverait, selon eux, les valeurs de la droite.
Vox, contrairement au FN, est une excision du système et rend encore donc plus factible un grand pacte avec les droites.