Le ton monte entre les deux exécutifs à moins de deux semaines du Conseil de Ministres espagnol exceptionnellement délocalisé à Barcelone.
Gros coup de pression du gouvernement espagnol sur la Generalitat. Les ministères de la Vice-Présidence, de l’Intérieur et du Travail ont envoyé ce soir une lettre au président catalan Quim Torra pour qu’il explique officiellement la raison pour laquelle les Mossos d’Esquadra (la police régionale) n’ont pas empêché les blocages sur l’autoroute AP7 ce week-end par les Comité de Défense de la République (CDR). Ces groupuscules indépendantistes très mobiles ont coupé différents points de circulation ce week-end pour soutenir une partie des dirigeants catalans incarcérés actuellement en grève de la faim.
Tout au long de ces quatre derniers jours, le président Torra a marqué l’actualité avec des polémiques concernant la sécurité. En plus de ne pas avoir empêché les CDR de bloquer les routes, le président de la Generalitat s’est plaint auprès de son ministre de l’Intérieur que la brigade mobile (l’équivalent des CRS) ait fait, selon lui, un usage disproportionné de la force contre les CDR qui manifestaient à Gérone et à Terrassa. Torra est allé jusqu’à demander au département de l’Intérieur d’effectuer une purge au sein de la direction des Mossos. Des propos que le président de la Generalitat a retiré aujourd’hui suite à la colère des syndicats de police.
Par ailleurs, Quim Torra, dans une déclaration sulfureuse, a annoncé que la Catalogne pourrait utiliser « la voie slovène » pour obtenir son indépendance. Le président a déclenché une polémique en voulant suivre l’exemple d’un conflit armé entre la Slovénie et la Yougoslavie qui s’est soldé par 90 morts.
Le 21 décembre sous tension
Quim Torra a également incité les CDR à bloquer la Catalogne le 21 décembre prochaine à l’occasion de la délocalisation du Conseil des Ministres espagnol à Barcelone.
Pour l’ensemble de ces raisons, le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez entend prendre des mesures radicales. Selon certaines sources, l’application de l’article 155 de la Constitution suspendant les compétences de la Generalitat aurait été un temps envisagée mais pour l’instant abandonnée. En revanche, si Madrid estime de ne pas avoir reçu d’explications satisfaisantes aux questions soulevées dans le courrier, Pedro Sanchez pourrait utiliser la loi de sécurité intérieure pour prendre partiellement ou totalement le contrôle de la police catalane. Quatre cents policiers nationaux seront envoyés à Barcelone pour sécuriser le Conseil des Ministres prévu à Barcelone le 21 décembre prochain.