Gilets Jaunes – Ce qu’en pensent les Français de Barcelone

Frustration de ne pas pouvoir soutenir le mouvement qui se déroule en France, colère froide devant la casse du centre de Paris ou tentative d’importer le mouvement en Catalogne, les Français vivant à Barcelone ne sont pas restés indifférents aux Gilets Jaunes. Témoignages.

« Le mouvement des Gilets Jaunes est de nature complexe et vu d’ici, on le réduit au fameux prix du carburant, regrette Thomas, commerçant du centre-ville de Barcelone, ce que représente ce mouvement m’est tout à fait compréhensible, et je partage amplement le ras-le-bol général suscité par des mesures complaisantes envers une minorité fortunée, au détriment de l’ensemble de la population française ». Le trentenaire assure soutenir le mouvement depuis l’Espagne, et n’aurait pas hésité à manifester s’il se trouvait en France. « La colère vient d’un détail semblerait-il, mais bien loin d’être anodin, lever encore des impôts sur l’essence sur fond d’écologie, c’est la goutte d’eau, poursuit-il, j’espère donc que le mouvement ira jusqu’au bout, car il est temps de montrer au monde entier que la souveraineté du peuple n’est pas qu’un principe, mais une réalité ».

Pour Boris, la quarantaine d’années dont une vingtaine à Barcelone, la capitale catalane devrait vivre au rythme des manifestations françaises. « Ce que revendiquent les Gilets Jaunes, c’est finalement une question européenne, alors les Espagnols et les Français qui vivent ici devraient les soutenir ».  Ce cuisinier, par ailleurs habitué des luttes sociales, estime que les mouvements européens auraient plus de résonance s’ils agissaient unis. Monique, qui vit sur la Costa Brava, rêve aussi d’une grande manifestation qui traverserait les frontières et se dit prête à venir protester avec toute sa famille à Barcelone si un mouvement Gilets Jaunes s’y organisait.  Pour cette professeure de français, la révolte française est dans la parfaite continuité des Comités de Défense de la République, petits groupes indépendantistes organisés spontanément et détachés des partis politiques ou syndicats.

Des revendications différentes

Pour Boris et Monique. hors de question toutefois de manifester avec les Catalans qui prévoient une journée de mobilisation le 21 décembre prochain contre la venue du Conseil des Ministres espagnol à Barcelone et déclarent s’inspirer des Gilets Jaunes. Un blocage jugé trop indépendantiste, et pas assez contre les injustices sociales. Même constat pour Olivier, fabriquant de jouets qui vit entre Barcelone et Montpellier. Il soutient le mouvement français, « un mouvement légitime qui couve depuis des années et l’étincelle a été le mépris du peuple affiché par ce gouvernement ». Mais il n’ira pas non plus manifester le 21 décembre à Barcelone : « Ces gilets jaunes catalans me paraissent opportunistes. Ce n’est pas le même combat, en France on se bat pour ses droits, pas pour un drapeau ».  

independanceAdrien, chef d’entreprise dans le secteur des loisirs à Barcelone, ne voit ici que de la confusion : « certains réclament la sortie de l’Union Européenne, d’autres une baisse de  la TVA. Il y a même des gilets jaunes français à Barcelone qui demandent  la gratuité du lycée français de la ville . Bref tout et n’importe quoi ». Ce qui agace le plus ce Parisien d’origine modeste, c’est la violence : « Ce mouvement me met en colère, contre les casseurs, contre le gouvernement et contre les gilets jaunes ». Adrien trouve les Barcelonais moins agressifs  : « un million de Catalans qui descendent  dans les rues de Barcelone sont en paix, 10.000 personnes font la même chose à Paris et ça devient Bagdad ». 

Pour William, qui vient juste d’arriver à Barcelone après avoir décroché un job dans le marketing, « le mouvement gilet jaune avait un bon fond à sa genèse, mais s’enlise dans un marasme et dans des actions extrêmes qui ne reflètent en rien les revendications initiales ». Le jeune homme assure qu’il ne participera pas au mouvement, ni en France ni en Catalogne. Matéo, employé dans le secteur de l’édition, pourrait lui se laisser tenter. « Si ça reprend les idées les plus sociales des Gilets Jaunes, une transition écologique juste, pourquoi pas. Si c’est une récupération et un amalgame des plaintes de Catalogne alors il est probable que je n’y aille pas ». 

Pendant ce temps-là en France, les tensions se cristallisent et les inquiétudes grandissent alors que se prépare le 4e samedi de fortes mobilisations dans la capitale française.

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