[REPORTAGE] École française ou catalane? La parole aux parents

École française ou école catalane? C’est la question que se posent beaucoup de parents français installés à Barcelone. Langue, réputation, situation géographique ou frais de scolarité, de nombreux critères entrent en compte pour les expatriés dans le choix d’une école pour leur enfant. Témoignages.

« Pour ma fille aînée, j’ai choisi l’école française sans hésiter » raconte Jasmine Kouadri. « À l’époque, l’enseignement en catalan m’effrayait un peu, car je savais que je ne pourrai pas aider ma fille dans son apprentissage, avec les devoirs et leçons à réviser à la maison. Je ne maîtrise pas assez la grammaire ni la conjugaison en catalan pour la soutenir correctement explique la mère de famille. J’admets aussi que je préférais l’école française pour des raisons purement culturelles ». Barcelone abrite deux établissements scolaires français: l’école française Ferdinand de Lesseps pour la maternelle et primaire et le Lycée français de Barcelone, pour de la maternelle à la terminale. Ils appartiennent au réseau de l’Aefe (Agence pour l’enseignement français à l’étranger).

Le prestige français

Pour Renaud Le Berre, professeur depuis plusieurs années au Lycée français de Barcelone « en plus d’un bon niveau scolaire, le système éducatif français transmet des valeurs et apprend aux enfants à être citoyen. En suivant leur scolarité ici, ils parlent aussi quatre langues (français, catalan, espagnol et anglais) et bénéficient d’une ouverture internationale car les élèves ne sont pas seulement français et catalans, mais viennent du monde entier » explique l’enseignant. Il affirme également qu’en sortant du lycée français, les élèves ont plus de débouchés pour poursuivre leurs études.

Avec une telle réputation, le Lycée français de Barcelone est devenu très demandé, créant des listes d’attente interminables. Lors de la rentrée scolaire 2017, 300 enfants ont été refusés par manque de places. Les frais de scolarité font également que les écoles françaises de Barcelone ne sont pas accessibles à tous. À Ferdinand de Lesseps, le montant annuel s’élève à 4.090 euros et au Lycée français, ils vont de 4.845 euros pour la maternelle à 5.943 euros pour le lycée. À ces montants s’ajoutent les frais d’inscription et facultatifs comme les déjeuners et sorties scolaires.

kids 1093758 1280Pour les familles qui ne peuvent pas assumer ce prix, il existe des bourses. Alors que ses filles allaient entrer en CM2 et en maternelle à Lesseps, Jasmine n’en obtient pas. Elle se redirige alors vers l’école catalane. « Au final je suis satisfaite, la pédagogie est plus respectueuse du rythme d’apprentissage de l’enfant » confie-t-elle. Toutefois, elle espère que ses trois filles s’orienteront vers un bachibac, qui semble être le compromis idéal « puisque la première souhaite étudier ou vivre en France à sa majorité ». Plusieurs établissements espagnols proposent ce diplôme, qui délivre à la fois le baccalauréat français et le bachillerato espagnol, et qui donne accès aux études supérieures dans les deux pays.

Intégration locale

Lors de leur arrivée en 2016 à Barcelone, Isabelle et son mari ont souhaité inscrire leur jumelles à l’école Lesseps pour leur entrée en CE1. Étant sur une longue liste d’attente, ils optent au final pour une école catalane près de chez eux. « Nous étions plus stressés qu’elles par rapport à la langue, mais nous avons reçu un accueil formidable de la part des enseignants et parents explique Isabelle. L’école propose même des cours de soutien en catalan pour aider les enfants à suivre. » Elle ajoute que l’établissement fait partie du système Escola Nova 21 qui mêle des pédagogies alternatives pour développer l’autonomie des enfants, « je suis ravie, mes filles se sont parfaitement intégrées et sont trilingues. »

Pour Valérie Pinçon il n’y pas eu d’hésitation, c’est l’école catalane qui l’a emporté. « Au départ ce fut un choix pratique, car si j’habitais plus près de l’école française j’aurai pu y mettre mes enfants » raconte-t-elle. Six ans après, la Française ne regrette pas son choix, bien au contraire: « mes enfants sont nés et grandirons ici, ils sont catalans. Grâce à l’école, je me sens moi-même mieux intégrée dans la culture et le mode de vie catalan. L’établissement est petit, ainsi nous partagons vraiment notre quotidien avec toutes les familles. En parallèle, je fais mon possible pour qu’ils s’imprégnent de la culture française. » Côté scolaire, Valérie trouve l’éducation catalane plus flexible, avec moins contraintes, ce qui correspond à ce qu’elle souhaite pour ses enfants.

Renaud Le Berre considère que les deux systèmes scolaires sont complémentaires: « il n’y a pas de préférence, ça dépend de chacun. Par exemple, mes enfants ont fait les deux et étaient très bien dans les deux. » conclut-il.

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