Depuis l’Écosse, où elle est actuellement en exil, l’ancienne ministre indépendantiste de l’Enseignement Clara Ponsatí ne mâche pas ses mots. Une fois de plus ce week-end, elle critique des responsables indépendantistes.
Dans tous les secteurs de l’indépendantisme, il y a des responsables politiques adeptes du pragmatisme et des jusqu’au-boutistes. Le gouvernement de Carles Puigdemont n’échappe pas à la règle. Certains ministres (Santi Vila à l’industrie, Carles Mundo à la justice) étaient favorables après le référendum à calmer le jeu. Au contraire d’autres « consellers de la Generalitat », globalement ceux qui aujourd’hui sont en prison ou en exil, poussaient pour que le président Puigdemont proclame sans ambages l’indépendance.
Dans ce cabinet, l’une des figures les plus déterminées est l’ancienne ministre de l’Enseignement Clara Ponsatí. Cette économiste de formation n’est restée au gouvernement que trois mois et quatorze jours. Le président Puigdemont a remanié son exécutif fin juillet, quand les ministres les plus frileux face à une indépendance unilatérale ont quitté la navire. Idéologue, Ponsatí a accepté une responsabilité gouvernementale uniquement pour conclure la feuille de route indépendantiste, conduisant à la République catalane.
Aujourd’hui exilée en Ecosse où elle est redevenue professeure, Clara Ponsatí est très critique contre la classe politique. Il y a quelques mois, l’ancienne ministre avait semé la confusion en soutenant que le gouvernement faisait du bluff quand il menaçait l’Etat espagnol avec la déclaration d’indépendance.
« La déclaration d’indépendance était un accident »
De nouveau ce week-end, Clara Ponsatí a donné une interview choc à la radio catalane, Catalunya Ràdio, qui sème le malaise dans les rangs indépendantistes. « Au moment où le Parlement a déclaré l’indépendance, je savais qu’il ne le mettrait pas en pratique. La DUI fut un accident. Puigdemont avait déjà pris la décision de convoquer des élections. » lâche-t-elle depuis l’Écosse.
L’ancienne ministre ne soutient en rien les actions du gouvernement et du parlement d’octobre 2017. « La voie unilatérale nous ne l’avons jamais emprunté. Le jour de la DUI nous avons constaté que la majorité indépendantiste au Parlement n’a pas été capable de faire ce qu’il avait dit qu’il ferait. Dire que c’est une déclaration d’indépendance est peut-être un peu exagéré, ça c’est terminé en fanfaronnade. » affirme-t-elle. Clara Ponsatí en vient même à s’interroger sur les réelles volontés du président catalan et de son vice-président à cette période: « je ne sais pas si Puigdemont et Jonqueras voulaient proclamer la République après le 1er octobre. »
Optimiste pour la suite
Malgré tout, Clara Ponsatí ne perd pas espoir. Pour elle, l’indépendantisme doit passer par un changement en profondeur pour fonctionner. Il a « besoin de nouvelles idées qui normalement viennent de nouvelles personnes. » précise-t-elle. La femme politique reste convaincue que le processus indépendantiste continuera dans les années à venir. Elle ajoute que « dans dix ans ans, nous saurons si le sacrifice personnel en aura valu la peine. J’espère que la Catalogne sera une République indépendante, mais ce n’est pas garanti. »
Elle se montre tout de même optimiste pour le futur: « je reviendrai marcher en Catalogne. Je crois que nous nous en sortirons. Cela me paraît impossible de penser que l’Espagne peut maintenir cette politique de répression. »