La police démotivée : « À Barcelone, on ne mise pas sur la sécurité »

Les Mossos d’Esquadra et la Guardia Urbana, respectivement police catalane et municipale de Barcelone, sont découragés. Depuis la pression des  attentats de Barcelone, conjugués aux situations politiques, les forces de l’ordre locales sont mises à rude épreuve. Conséquence : des failles au niveau de la sécurité publique.

Pointés du doigts tant par les unionistes que par les indépendantistes, les Mossos d’Esquadra dénoncent des tentatives permanentes de les amalgamer à une police politique. Le corps de la Guardia Urbana, lui, s’est rapidement séparé d’Ada Colau à la tête de la Mairie. La philosophie laxiste de Colau, dès les premiers jours du mandat, fut dénoncé par les syndicats de la police barcelonaise.

« A Barcelone on ne mise pas sur la sécurité » s’agace Valentín Anadón. Contacté par Equinox, le porte-parole du FEPOL, syndicat majoritaire des Mossos d’Esquadra, se veut très clair : les troubles le 1er octobre dernier où des individus ont essayé de rentrer de force dans le parlement catalan en marge de la manifestation indépendantiste a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de colère.

« On sait qu’il y a eu des dysfonctionnement au niveau du ministère de l’Intérieur catalan, mais nous n’avons toujours pas les détails du pourquoi et du comment » s’exaspère le syndicaliste. « Pour un match de football de la ligue des champions il y a trois fois plus d’agents que le jour de l’anniversaire du référendum » s’étonne Valentín Anadón.

Les chefs de la police avaient décidé que 200 policiers de la Brigada Movil des Mossos d’Esquadra – l’équivalent des CRS français – seraient en congé le 1er octobre, une des dates les plus chaudes de l’année. Du coup, ce sont les agents qui assurent les patrouilles de rues qui ont dû arriver en urgence devant le parlement, avec un équipement peu adapté.

La suite est passée à la postérité. Une photo immortalise le ridicule de la police catalane postée devant le parlement,  en pantalons à pinces, chemisettes et casques blancs. « Des casques qui datent de 1992! » s’étrangle Valentín Anadón. Le ministre de l’Intérieur Miquel Buch a annoncé que ce matériel allait être remplacé sans délai. Miquel Buch est invité à démissionner par l’ensemble des syndicats des Mossos.

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Même Albert Donaire, porte-parole du mouvement Les Mossos pour la République ne défend pas le ministre indépendantiste. « On aimerait qu’il prenne des décisions un peu plus courageuses » explique-t-il à Equinox.

« Il nous manque 2000 policiers » s’inquiète Valentín Anadón, ce qui a des conséquences directes sur la protection anti-terroriste. « Il y a des sous-effectifs dans tous les domaines : des patrouilles de rues au service de recherche du terrorisme ». Le tableau décri par le syndicaliste est plutôt sombre.

Politique

« Notre ancien chef a été destitué d’une manière très injuste » se désole pour sa part le syndicaliste indépendantiste Albert Donaire. Josep Lluis Trapero est devenu le chef mythique des Mossos pour sa gestion des attentats du 17 août 2017, dont les terroristes ont été abattus rapidement par la police catalane. Les décisions de Trapero le jour du référendum, le ferme refus que les Mossos usent de violence pour arrêter le scrutin illégal, aura été fatal à sa carrière. Poursuivi par la justice espagnole pour rébellion, le chef glorieux est aujourd’hui au placard administratif et risque de finir derrière les barreaux au terme de son procès qui aura lieu au cours de l’année 2019.

« Le corps est sous les attaques des partis politiques en faveur de l’unité de l’Espagne qui veulent nous poursuivre ou nous dissoudre, ça rajoute du malaise chez les agents » souffle Donaire. « On essaie de nous récupérer des deux côtés » assure Anadón. Traduction de ce mal-être, les Mossos d’Esquadra ont rempli la place Sant Jaume samedi dernier, dans une manifestation devant la Generalitat.

Chez la Guardia Urbana, la situation n’est pas meilleure. « On voudrait que la mairie nous fasse confiance » s’exclame un syndicaliste de la police municipale. Le mandat d’Ada Colau a commencé en 2015 avec un message de relâchement dans la lutte contre les Top-Mantas, ces vendeurs à la sauvette qui envahissent les rues de la capitale catalane pour vendre des objets de contrefaçon. La police a été invitée à une certaine tolérance par les nouveaux chefs de la gauche radicale de la mairie. Le mandat de Colau s’achève avec l’annonce de la dissolution de la brigade anti-émeutes de la Guardia Urbana. Le corps d’élite de la police barcelonaise qui avait sécurisé la Rambla et pourchassé les terroristes dans le marché de la Boqueria le 17 août 2017.

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