Poussé dans les cordes par les indépendantistes les plus radicaux qui ont réclamé sa démission, le président catalan Quim Torra a menacé Pedro Sanchez de provoquer la chute de son gouvernement s’il n’acceptait pas de référendum.
« La patience des Catalans n’est pas infinie, Pedro Sanchez n’a plus de marge de manoeuvre. S’il n’y a pas de proposition pour exercer l’autodétermination de manière concertée, contraignante et reconnue internationalement avant le mois de novembre, le mouvement indépendantiste ne pourra garantir aucun type de stabilité à la chambre des députés à M. Sanchez » déclarait Quim Torra au parlement catalan mardi.
Chahuté la veille par des militants indépendantistes qui l’accusent d’immobilisme, le président a haussé le ton, menaçant de retirer le soutien vital des députés séparatistes au gouvernement de Pedro Sanchez. « Nous n’acceptons pas d’ultimatums » lui répondait-on le soir même à Madrid.
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Ce mercredi midi, Quim Torra a baissé d’un ton et envoyé une missive au chef du gouvernement espagnol, sans menaces ni ultimatums, mais avec une invitation à venir le rencontrer au Palais de la Généralité. « Nous devons parler en profondeur […] de votre projet pour la Catalogne, et aussi de l’exercice du droit à l’auto-détermination. C’est la solution qui peut résoudre le conflit de manière durable et démocratique » a écrit le président catalan.
Divisions et gesticulations
Un an après le référendum d’auto-détermination interdit par Madrid, le mouvement indépendantiste est au point mort. Privés de leurs leaders, exilés à l’étranger ou placés en détention provisoire dans l’attente de leur procès, et surtout sans projet clair, les partis séparatistes sont divisés. La gauche indépendantiste ERC essaie de revenir à un indépendantisme modéré, afin de parvenir à une solution négociée avec Madrid, tandis que le centre-droit PDeCAT encore dirigé par Carles Puigdemont tente de poursuivre son jusqu’au-boutisme, freiné toutefois par les multiples poursuites judiciaires et les menaces d’une nouvelle mise sous tutelle de la région au moindre dérapage.
« La fracture est devenue évidente durant la dernière campagne des élections catalanes de décembre, indique le politologue Silvio Falcon, le mouvement a besoin de se reconstruire et de se trouver de nouveaux leaders, et en attendant il gagne du temps ».
Quim Torra, propulsé à la tête de la Generalitat en mai dernier, a souvent tenu des propos controversés sur la supériorité catalane. Classé parmi les indépendantistes les plus radicaux, il a toutefois, depuis sa prise de fonctions, toujours cherché l’apaisement et le dialogue avec Madrid, en arrivant à être jugé trop mou par les militants.