Catalogne : démocrates contre fascistes

EDITO DE NICO SALVADO, fondateur d’Equinox

9 novembre 2014, consultation populaire sur le thème de l’indépendance de la Catalogne. 20 septembre 2015, élections au parlement catalan transformées par les souverainistes en un vote plébiscitaire sur l’indépendance. 20 décembre 2015, scrutin législatif en Espagne. 26 juin 2016, nouvelles élections législatives espagnoles, les précédentes ayant provoqué un blocage du parlement incapable de dégager une majorité cohérente. 1er octobre 2017, référendum d’indépendance unilatéral. 21 décembre 2017, élections parlementaires catalanes. 1er juin 2018, une motion de censure au parlement espagnol envoie à la trappe Mariano Rajoy, le socialiste Pedro Sanchez devient Premier ministre.

Ces quatre dernières années, avec le recul, donnent le vertige. Les présidents qui furent les premiers acteurs de ces tempêtes électorales ont disparu dans les crises successives : Mariano Rajoy à Madrid et Artur Mas à Barcelone. La relève d’Artur Mas est déjà hors jeu, Carles Puigdemont vit à Bruxelles son exil napoléonien. Les actuelles doublures ne devraient pas rester longtemps sur scène : Quim Torra à la Generalitat aurait menacé de démissionner jeudi dernier suite à la désunion des forces indépendantistes divisés entre les partis de droite et gauche.  Pedro Sanchez à la Moncloa peut convoquer des élections anticipées à tout moment, tant la situation à Madrid est fragile et instable.

Sans majorité au Congrès espagnol, pour le socialiste Pedro Sanchez, chaque nuit passée à la Moncloa est une victoire. Sans projet ni légitimité Quim Torra et son gouvernement, ravagés par les rivalités intestines, pourront difficilement s’installer dans la durée. Au regard de ce que nous avons écrit plus tôt, ces deux scrutins marqueront les 8eme et 9eme événements politiques majeurs en quatre ans. Soit plus d’un séisme politique chaque semestre.

Toutes ces convocations électorales, qui ont coûté au total plus de 400 millions d’euros, auraient pu faire apporter aux sociétés espagnoles et catalanes progrès, améliorations, innovation et créativité.

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Au final deux simples mots ressortent de 4 ans de frénésie politique : fascistes et démocrates. Il suffit de se rendre sur un réseau social ou d’observer un débat télévisé : deux mots, fascistes et démocrate, répétés à l’envie, à l’excès, à la nausée.

Qui est démocrate ? Moi et mes amis. Qui sont les fascistes ? Les autres. La remarque est valable pour les deux camps :  militants infatigables de l’unité de l’Espagne et supporters intarissables de la lutte indépendantiste catalane. Il ya toujours un argument pour qualifier son prochain de fasciste : les indépendantistes tentent une séparation avec seulement 48% des voix du corps électoral, passent des lois de déconnexion en violant les droits de l’opposition, et des énergumènes surexcités attaquent la police pour tenter de rentrer de force dans le parlement catalan. Pour y faire quoi d’ailleurs, la question reste posée.  Les unionistes eux se voient reprocher les violences policières du 1er octobre, les poursuites judiciaires, les emprisonnements frappés du seau de la non séparation des pouvoirs.

Inlassablement les réseaux sociaux sont de stériles débats avec un échange inutile de conversations. Le « tu ne peux pas me reprocher d’avoir tenté de rentrer violemment dans le parlement le 1er octobre 2018 puisque la police espagnole a frappé les votants le 1er octobre 2017″ laisse dubitatif. « Les indépendantistes sont des fascistes avec un coup d’État le 27 octobre stoppé par les démocrates du 155 » trouve son parfait miroir dans le « Les unionistes sont des fascistes avec le coup d’État du 155 stoppé par la victoire électorale démocratique des indépendantiste le 20 décembre ».

A la lecture de cet édito d’aucuns penseront que c’est un pamphlet unioniste, tandis que les autres hurleront à la propagande séparatiste. Mécaniquement, presque robotiquement.

L’avenir est noir quand on regarde le passé gris. Hier, ces rengaines n’étaient que sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui elles sont reprises, utilisées matin, midi et soir par les plus hautes responsable politique. Que se passera-t-il demain ?

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