La galère de Manuel Valls à Barcelone

Manuel Valls semble décidé à se présenter aux municipales de Barcelone mais tarde à former une liste. 

« Que diable allait-il faire dans cette galère » interroge Géronde à Scapin. « Cette galère lui tient à cœur » répond ce dernier sous la plume de Molière. Dans le grand théâtre de la politique catalane, la question est la même : que vient faire Manuel Valls dans ce qui prend la tournure d’une galère sur les eaux barcelonaises.

Genèse: en plein coeur de la tempête indépendantiste, l’ex-Premier ministre rôde à Barcelone. Manifestations, discours, podiums. Un député de la République en Marche qui connaît bien l’Espagne et Manuel Valls confiait à Equinox que l’ancien Premier ministre « avait la question catalane au plus profond de lui-même, il est sincère quand il dit qu’il craint que l’Espagne se déchire », tout en ajoutant malicieusement « mais c’est un politicien, il va peut-être vouloir tirer un profit de cette affaire ».

Rigolard

Au mois de décembre dernier, l’auteur de ces lignes demandait sur Equinox Radio à Manuel Valls s’il voulait se présenter à la mairie de Barcelone. Dans un éclat de rire aussi fort qu’exagéré, l’homme d’Evry répondait qu’il était « un patriote, très attaché à son pays, à son mandat de député » et que « son destin et son parcours étaient en France. » Plus ou moins moqueur, il promettait toutefois à son interlocuteur d’étudier la question.

Huit mois plus tard, le député de l’Essonne tente par tous les moyens d’attirer socialistes et conservateurs au sein de sa candidature municipale afin de garantir l’unité de l’Espagne. Le parti Ciutadans a ouvert ses portes sans hésiter à Manuel Valls. Les socialistes et la droite du Partido Popular lui ont dit non. Il apparaît peu probable que le parti socialiste change d’avis. Il serait plus plausible que le parti de Miquel Iceta soutienne au second tour l’indépendantiste modéré de gauche Alfred Bosch. Manuel Valls véhicule une image trop droitière, trop anti-indépendantiste pour le raffinement du socialisme catalan. En revanche, le Français chercherait une femme profondément ancrée à gauche pour être sa numéro deux et rééquilibrer idéologiquement sa candidature.

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Les conservateurs de l’ancien Premier ministre de Mariano Rajoy pourraient se montrer plus ouverts. Estimé à moins de 5% par les dernières enquêtes, le Partido Popular disparaîtrait du conseil municipal. Sans représentation, ces 5% en faveur de l’unité de l’Espagne sont perdus. Un argument de choc pour faire liste commune avec Valls.

Pour le moment, Ciutadans et la droite représentent plus ou moins 20%. En 2015, Ada Colau a remporté les élections avec 25% des voix. Alors pour le politologue catalan Gabriel Colomé, même si l’ex-Premier ministre part de loin, la bataille est loin d’être perdue. « Sans faire campagne, il a réussi ces derniers mois à passer de quelqu’un de connu à quelqu’un de populaire, notamment en passant sur toutes les télévisions mais aussi dans les magazine people, explique ce professeur en sciences politiques de l’Université de Barcelone, jusqu’ici il réalise un sans-faute. »

Campagne difficile ou non, il ne fait plus guère de doute que Manuel Valls se lancera dans la bataille pour Barcelone. Un journaliste parisien qui connaît bien le député soufflait à Equinox que « de toute façon il n’a plus grand chose à perdre en France. »  

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