La situation politique nationale se complique un peu plus avec les élections anticipées en Andalousie qui peuvent avoir de lourdes conséquences en Catalogne.
Il va y avoir des élections parlementaires anticipées en Andalousie. D’un commun accord, les socialistes qui gouvernent la région en coalition avec les libéraux de Ciutadans ont décidé d’avancer le prochain scrutin électoral avant Noël.
Plusieurs motivations ont conduit à ce choix. Le parti socialiste local embourbé dans une affaire de corruption devra affronter au printemps prochain un procès difficile. Les élections devaient se produire durant le procès. Mauvais effet.
Ciutadans a de bonnes raisons de vouloir une élection durant l’automne. Le parti anti-indépendantiste catalan doit faire face à la droitisation du Partido Popular avec l’arrivée à la présidence du radical Pablo Casado. Ciutadans pense que l’électorat anti-indépendantiste penchera de son côté. Inés Arrimadas, la chef de l’opposition au parlement de catalan, est originaire de Jerez de la Frontera en Andalousie. Elle se veut la représentante des Andalous qui ont quitté leur terre natale pour s’installer en Catalogne, attirés par de meilleures opportunités de travail. On estime à 800.000 le nombre d’Andalous venus en Catalogne dans les années 70. Comme Arrimadas, beaucoup de ces nouveaux Catalans ont encore de la famille dans le sud de l’Espagne. Et les clans familiaux dispersés entre nord et sud voient d’un mauvais oeil le concept de rupture du pays. En outre, l’Andalousie, région la plus pauvre du pays, ne souhaite pas voir partir le poumon économique que représente la Catalogne.
Automne brûlant
Avec son discours musclé anti-indépendantiste, Ciutadans se voit bien arriver premier ou second de cette élection andalouse. Pour réussir ce pari, Ines Arrimadas a passé son mois d’août à sillonner les villes et villages de sa terre natale.
Surtout, Albert Rivera a choisi la période de l’automne brûlant catalan pour placer les élections andalouses. Le scrutin aura lieu dans des conditions émotionnelles intenses à un moment du calendrier qui regroupe la fête nationale catalane, les commémoration du référendum d’auto-détermination, la déclaration d’indépendance et l’emprisonnement des chefs catalans. A noter qu’Albert Rivera a repris à son compte une stratégie habituelle des indépendantistes qui consiste à placer à un rendez-vous électoral autour de la fête nationale du 11 septembre. Consultation populaire indépendantiste le 9 novembre 2014, élections parlementaires le 27 septembre 2015, référendum le 1er octobre 2017.
Coup de poker
A front renversé, Ciutadans veut que cette fois-ci le processus indépendantiste soit pour le parti un jackpot électoral. Pour être sûr de son coup, Albert Rivera joue au jeu dangereux de faire monter la pression en Catalogne. Opérations commandos pour retirer la symbologie jaune des rues catalanes, manifestations avec son lot de dérapages violents, déclarations enflammées dans les médias, demande de l’application d’une suspension quasiment permanente des institutions catalanes via l’article 155, Ciutadans veut montrer qu’il va plus loin, plus vite, plus fort que le Partido Popular. Une surenchère qui peut mal finir dans les rues catalanes où l’odeur de souffre se répand à la veille de la manifestation de la Diada du 11 septembre 2018. Si la gauche indépendantiste ERC demande de baisser le ton, le duo Carles Puigdemont/Quim Torra garde un vocabulaire belliqueux face au gouvernement espagnol.
Si Ciutadans réalise un score historique en Andalousie, le séisme électoral pourra ébranler le fragile édifice gouvernemental du socialiste Pedro Sanchez. Des législatives espagnoles anticipées pourrait donner le pouvoir à une coalition Partido Popular/Ciutadans. Andalousie-Catalogne-Madrid, le nouveau triangle des Bermudes politique. Les amis de Carles Puigdemont ne peuvent pas espérer meilleur scénario.