Et si Ada Colau ne se représentait pas aux prochaines municipales de Barcelone?

Hier soir, dans une déclaration qui a pris l’ensemble de la classe politique de court, la figure de la gauche radicale Xavier Domènech a annoncé son retrait définitif de la vie politique. 

L’actuel député au sein du parlement catalan se dit épuisé politiquement et personnellement. L’organisation de la gauche radicale en Catalogne n’est pas un long fleuve tranquille. L’idéologie de cette partie de l’échiquier politique se compose d’une ribambelle de ramifications :  Podem, la branche locale de Podemos ; Barcelona en Comú le parti créé par Ada Colau qui est lui-même une confédération de groupuscules (Procés Constituent a Catalunya, Trobada Popular Municipalista, Partit X, Equo) ; Esquerra Unida i Alternativa et ICV.

Le consensus est extrêmement difficile dans ces 50 nuances d’extrême-gauche. La seule qui ait réussi à plus ou moins fédérer l’ensemble de la famille de la gauche alternative est Ada Colau en 2015 pour ravir la mairie de Barcelone. L’objectif de Colau était de consolider l’unité en créant une nouvelle structure : Catalunya en Comú où cohabiteraient les partis et idéologies.

Pour construire cet espace, Ada Colau fit appel à Xavier Domènech, historien qui s’est brillamment fait élire au parlement espagnol de Madrid sous l’étiquette locale de Podemos. La mairesse de Barcelone a demandé à son ami Domènech de quitter le congrès de Madrid pour revenir en Catalogne et prendre la tête de son mouvement Catalunya en Comú, puis de se présenter aux élections catalanes du 21 décembre dernier. Sauf que le résultat électoral a été particulièrement décevant pour Xavier Domènech : 7,46  % des voix et seulement 8 députés.

Xavier Domènech, fragilisé par son revers électoral cumulait tout de même la direction de Podem, Catalunya en Comú et la présidence du groupe parlementaire. Les désaccords entre toutes les familles de la gauche alternative traversées de surcroît par le débat indépendantiste ont brisé la volonté de Domènech qui démissionne de l’intégralité de ses postes et de son siège de député.

Un mandat compliqué

A 9 mois de l’élection municipale de Barcelone, le coup est rude pour Ada Colau. Hier soir, à peine la décision de Domenech rendue public, la mairesse a publié un long message sur les réseaux sociaux, pour confesser qu’elle aussi a failli renoncer l’an dernier à la vie politique. « La politique médiatique, la politique des fake news, la politique de la lutte partisane qui oublie les grands objectifs et compliques le consensus, la politique des rythmes frénétiques incompatibles avec l’éducation et la guérison des personnes… Cette politique ne nous plait pas et ce n’est pas la nôtre. Moi-même (comme beaucoup de compagnons), j’ai envisagé d’abandonner plus d’une fois au cours de cette dernière année qui a été spécialement difficile. Pour le moment, je résiste par sens de la responsabilité. » 

Dur de savoir si Ada Colau est totalement sincère ou si elle s’accroche aux branches. Il est vrai que le mandat de Colau est un Vietnam. Elle gouverne la cité en minorité avec seulement 11 conseillers municipaux sur les 42 du consistoire. Ce qui pose d’énormes problèmes logistiques. Les élus de Colau sont trop peu nombreux pour occuper tous les postes institutionnels. La fatigue, le stress, le burn-out apparaissentt sur les visages de l’équipe municipale.

Le talon d’Achille de Barcelona en Comú est de ne pas avoir réussi à nouer des alliances avec d’autres groupes municipaux pour recevoir un renfort vital afin de gérer la ville. Ada Colau est en conflit avec Alfred Bosch et les 5 élus du parti républicain indépendantiste de gauche (ERC) malgré des relatives similitudes idéologiques. Ada Colau reçoit peu de soutien des 3 conseillers municipaux d’extrême-gauche séparatiste de la Cup. Le seul accord établi fut avec le parti socialiste en mai 2016, qui a donné une bouffée d’oxygène au mandat de Colau pendant un an. Le vote de l’article 155 au sénat espagnol avec le soutien du parti socialiste a été le prétexte pour faire exploser l’accord. Ada Colau a donné son feu vert à un vote de la militance qui devait choisir si oui ou non il était possible de maintenir l’accord avec les socialistes. Evidemment le non a gagné et le divorce a été signé. Ada Colau gouverne en minorité mais avec une coalition des gauches extrêmes qui, en guérilla interne permanente, rajoutent du désordre dans l’instabilité.

A 37 semaines de l’élection, Ada Colau n’a toujours pas annoncé sa candidature. Si son communiqué d’hier était sincère, l’idée de ne pas se représenter pourrait apparaître comme une hypothèse sérieuse.

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