Uber est née en 2009 à San Francisco. L’entreprise a connue sa première grande humiliation à 10.000 Km plus loin à Pékin en Chine.
Le géant de la voiture de tourisme avec chauffeur (VTC) fondé par Garrett Camp, Oscar Salazar et Travis Kalanick s’est fait écraser par une entreprise locale du nom de Didi. Uber Chine a vu filer la quasi intégralité de ses parts de marché et a fini par être rachetée lors de l’été 2016 par son concurrent local, une première mondiale. Didi a non seulement lancé une OPA sur les clients d’Uber mais a réussi à capter la majorité des chauffeurs avec des commissions mirobolantes. Le leader américain a ainsi perdu 1 milliard de dollars dans son implantation ratée en Chine.
Lire aussi : Comparatif qualité-prix: Taxi, Cabify ou Uber à Barcelone
A la tête de Didi, Jean Liu, une Chinoise workaholic formée dans le secteur de l’analyse financière dans les banques new-yorkaises. A ses débuts, elle travaillait plus de cent heures par semaine. Depuis le rachat d’Uber, l’appli chinoise Didi est en monopole dans son pays, affiche plus de 500 millions d’utilisateurs et détient le titre de plus grande plateforme mobile de transport au monde. Dans un excellent portrait du magazine le Point, Jean Liu affirme que « grâce aux data récoltées par ses serveurs durant les 30 millions de courses quotidiennes menées par ses chauffeurs, l’entreprise peut être capable de deviner la demande de taxi avec quinze minutes d’avance, avec un taux de succès de 85 %. » L’atout de Didi se trouve dans sa force de frappe informatique : sur les 10.000 employés de la firme, la moitié sont des ingénieurs ou des spécialistes du big data.
Objectif occident
Jean Liu ne s’en cache pas, elle veut faire à l’international ce qu’elle a réussi en Chine. Le leader Uber est dans la ligne de mire. Pour éviter la bataille frontale qui est coûteuse, Didi cannibalise l’espace vital du géant américain en s’alliant ou en rachetant ses concurrents. En Asie du Sud-Est, l’entreprise travaille avec Grab et Lyft, Ola au Brésil. Pour aller plus vite dans sa conquête mondiale, elle va rentrer en bourse et accélérer ses levées de fonds. 2019 sera l’année de l’arrivée de l’application en occident en Australie, au Mexique et aussi au Japon.
Didi devrait rapidement arriver en Europe où les grandes capitales Paris, Londres, Berlin, Madrid ou Barcelone raffolent du VTC. En Espagne la guerre fait rage entre Uber, Cabify et les taxis indépendants, un conflit commercial qui peut devenir physiquement violent comme on l’a vu cet été à Barcelone dans les manifestations qui ont dégénéré. Peut-être qu’un jour Jean Liu mettra tout le monde d’accord en raflant la majeure partie du secteur, comme elle l’a fait en Chine. La bataille sera féroce.