Les tensions du camp indépendantiste explosent au grand jour

Le parlement de Catalogne s’est transformé aujourd’hui en champ de bataille entre la droite et la gauche indépendantistes, avec pour cible Carles Puigdemont. Une crise qui couvait.

Depuis 40 ans, le centre-droit et le centre-gauche indépendantistes se détestent. Globalement c’est la droite qui tire les marrons du feu en réussissant à garder le contrôle de la présidence de la Catalogne. De 1980 à 2003, Jordi Pujol gouverna sans partage. Son dauphin Artur Mas prit la Generalitat à partir de 2010.  En 2015, usé par la corruption et les coupes budgétaires liées à la crise, le centre-droit d’Artur Mas est au bout du rouleau. La gauche Esquerra Republicana de Catalunya et son président Oriol Junqueras se voyaient enfin dans le fauteuil du bureau présidentiel du Palau de la Generalitat.

Au grand dam d’Oriol Junqueras, Artur Mas a alors habillement tordu le bras de ERC pour forcer la mise en place d’une plateforme électorale mélangeant la droite et la gauche indépendantistes. Officiellement la liste unique permettait à la Catalogne d’arriver vers la République indépendante. Officieusement, l’accord préélectoral prévoyait que la droite prendrait la présidence de la Catalogne. Face à la pression populaire de la rue, la gauche a dû s’effacer devant le parti d’Artur Mas pourtant mal en point.

Le premier qui saute du bateau est mort

Entre 2016 et 2017, la droite et la gauche se sont partagé les ministères pour organiser le référendum et la déclaration d’indépendance. Durant ces longs mois, les indépendantistes étaient sous pression face au gouvernement de Madrid mais également en proie à des luttes intestines. La gauche et la droite séparatistes s’accusaient respectivement en coulisse de trahison, le premier qui descend du bateau et fait capoter le référendum est politiquement mort disait-on dans les sièges des deux partis indépendantistes. Les ministres se soupçonnaient les uns les autres d’être sur écoute.

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Après la proclamation d’indépendance, et la convocation des élections catalanes par Mariano Rajoy, la gauche dopée par de flatteurs sondages se voyait au pouvoir, malgré l’incarcération de son leader Oriol Junqueras. La candidature concurrente, non prévue, de Carles Puidemont fit capoter l’affaire. Arrivée devant la gauche lors des élections, le parti de Carles Puigdemont revendiqua la présidence de la Generalitat. La gauche traîna des pieds. Ne pouvant se faire investir président en raison de son exil, finalement Carles Puigdemont nomma comme successeur Quim Torra. Droite et gauche se partageant de nouveau les ministères.

Le comportement de Carles Puigdemont et de ses amis exaspèrent la gauche. Depuis sa cellule Oriol Junqueras pense qu’il faut calmer le jeu. Indépendantisme : oui, provocation et unilatéralité : non.  L’ancien président, lui, veut aller à la confrontation : contre le gouvernement espagnol, contre le roi, contre la justice.

Implosion

Ce mercredi 18 juillet, la situation a sérieusement dérapé au parlement catalan. Le juge instructeur de l’affaire de la déclaration de sécession, Pablo Llarena a prononcé la suspension des députés exilés et incarcérés. Carles Puigdemont, dans la liste des parlementaires frappés par la mesure, refuse que le parlement le destitue. Il propose de désobéir et d’arguer que le parlement est souverain pour dicter qui doit siéger ou non, ce n’est pas le rôle d’un juge selon l’ex-président. La gauche indépendantiste n’est pas d’accord et accepte la décision du juge.

Pour trancher ce sujet, le groupe parlementaire de Carles Puigdemont a voté différemment du groupe ERC ce matin au parlement et bloqué la séance plénière. Les porte-paroles du groupe de Puigdemont en conférence de presse ont explosé contre leurs « alliés » de gauche.  Le député Albert Batet a expliqué que son parti n’accepterait jamais la suspension de Carles Puigdemont. Il accuse la gauche de violer l’accord entre les deux formations indépendantistes, de chercher à faire alliance avec les socialistes et pointe du doigt le désir d’ERC de souhaiter l’élimination politique de Carles Puigdemont. Le porte-parole de la gauche Sergi Sabrià a qualifié les amis de Puigdemont de menteurs.

L’avenir de la coalition indépendantiste parait en danger et fait retomber la Catalogne dans l’instabilité politique la plus totale.

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