Manuel Valls vient d’annoncer officiellement sa candidature aux élections municipales de Barcelone de juin 2019.
La première fois où Manuel Valls s’est vu demander s’il avait l’intention de se présenter à l’élection municipale de Barcelone, c’était en décembre 2017 sur Equinox Radio. La question l’avait alors fait éclaté de rire.
Septembre 2018 l’ancien premier ministre français se présente officiellement devant les Barcelonais pour tenter de devenir leur prochain maire.
Dans le très bobo musée CCCB du Raval de Barcelone, Manuel Valls qui a rasé sa barbe et retrouvé son aspect de premier ministre s’est exprimé en catalan et en espagnol « Je veux devenir le prochain maire de Barcelone ».
Durant son discours devant 150 invités et journalistes, Manuel Valls rappelle les origines catalanes de sa famille.
L’ancien premier ministre égrène les problèmes de Barcelone et pointe le manque de logement sociaux. Valls réclame un nouveau tourisme de qualité pour la ville et dénonce l’insécurité dans les quartiers du Raval, Ciutat Vella et Barceloneta.
Sans surprise, Manuel Valls a chargé dur contre l’indépendantisme de la Catalogne : Barcelone ne peut pas être la capitale de la République catalane assène l’ancien locataire de Matignon.
Manuel Valls met fin à la polémique d’être en campagne à Barcelone et parlementaire en France. Il a annoncé renoncer à son siège de député d’Evry. Valls peut se présenter aux municipales grâce au traité de Maastricht qui permet aux citoyens de l’Union Européenne de se présenter aux élections municipales du pays de leur choix, sans posséder pour autant la nationalité ni même résider dans la ville choisie.
L’ancien député d’Evry fera campagne avec une liste transversale aux accents de centre-gauche, mais aussi le soutien des très droitiers Ciutadans et l’association anti-indépendantiste Societat Civil.
Une longue liste de candidats
Les élections auront lieu en mai prochain et il reste un long chemin à Manuel Valls pour s’installer dans le fauteuil de la plaça Sant Jaume.
L’ancien premier ministre devrait ferrailler avec la maire sortante proche de Podemos Ada Colau. Même si l’ancienne Indignée sort profondément affaiblie avec ses promesses de campagne non accomplies, elle garde sa « fan-base » de la gauche radicale fertile à Barcelone : Podem, la branche locale de Podemos ; les post-communistes d’Esquerra Unida et les écologistes d’ ICV. Conjuguée avec la dynamique qu’offrent les leviers de pouvoir que Colau détient à la mairie, la sortante devrait figurer dans le tiercé de tête du scrutin.
La gauche républicaine indépendantiste (ERC) sort également le grand jeu. Le ministre des Affaires étrangères catalan Ernest Maragall sera probablement le candidat indépendantiste modéré de cette élection. Ernest est le frère de Pasqual Maragall, le maire qui a dirigé Barcelone pendant 20 ans et durant la période des Jeux Olympiques. Maragall, de par son patronyme, va envahir le terrain progressiste dans toute la ville et le domaine de l’élite culturelle, via son grand-père le célèbre poète catalan Joan Maragall. Manuel Valls, fils illégitime de Maragall, tente de reprendre à son compte l’héritage du mythique maire de la capitale de la Catalogne.
Le combat pour le consistoire se joue donc entre Manuel Valls, Ada Colau et Ernest Maragall.
Ciutadans, qui jusque là avait pour candidate l’inconnue Carina Mejias,ne participera pas au scrutin sous sa propre étiquette, mais se fond dans la plateforme de Valls. Un risque pour le parti d’Albert Rivera qui pourtant a été le premier à ouvrir ses portes à Manuel Valls. L’ancien maire d’Evry a été malin : Barcelone ville de gauche n’élira jamais un maire de droite portant la marque Ciutadans.
Manuel Vall veut la jouer gauche moderne à la Macron. Progressisme libéral, le fond de Ciutadans avec la forme de gauche. Un grand écart qui sera difficile à traduire dans les urnes : les socialistes locaux maintiennent leur candidature avec pour l’instant Jaume Collboni. Cet avocat qui manque de notoriété devrait être lui aussi remplacé par un autre candidat. Devant le faible score que les socialistes vont réaliser devant l’opération aspiration de Valls, les candidats ne se bousculent pas au portillon.
Les conservateurs du Partido Popular ont aussi annoncé qu’ils se maintenaient, alors que l’ancien Premier ministre français lance une OPA directe sur cet électorat en faveur de l’unité de l’Espagne. Le parti de Carles Puigdemont devrait également présenter un candidat via la primaire pour la République. Un pré-scrutin opposant pour l’instant les activistes Jordi Graupera et Adria Alsina, qui devraient être rejoints par l’ancien ministre catalan de la Culture d’Artur Mas, Ferran Mascarell.
L’élection se joue à un tour et les sièges de conseillers municipaux se distribuent de manière proportionnelle au nombre de voix obtenues. Dans le conseil sortant, Ada Colau possède onze sièges, les indépendantistes proches de Carles Puigdemont dix sièges, la gauche séparatiste six sièges, les socialistes cinq sièges, Ciutadans seulement quatre sièges, le Partido Popular et la CUP referment le bal avec trois élus chacun.
Les Européens et Français de Barcelone pourront voter. Pour savoir comment s’inscrire pour voter, cliquez ici.