Durant la saison des festivals, Barcelone doit faire face à une hausse du narcotourisme. Les acheteurs de passage en ville se rendent principalement dans le Raval pour consommer de la drogue pendant leur séjour. Un phénomène pointé du doigt par les habitants.
Barcelone ne cesse d’attirer année après année, des touristes en quête de soleil, fête et drogues. Parmi les millions de visiteurs qui se pressent dans la capitale catalane, figurent des fêtards à la recherche de substances illicites pour « s’amuser » durant leurs vacances. La police et les médecins s’accordent à dire que le phénomène est en hausse durant l’été et les festivals. Le docteur Santiago Nogué, spécialiste en toxicologie à l’Hospital Clínic de Barcelone, expliquait déjà en 2016 que le nombre d’overdoses augmentait nettement à cette période.
Pour consommer, les touristes se rendent essentiellement en centre-ville où sont installés une multitude de narco-appartements. Dans ces logements squattés, les trafiquants de drogues y installent leurs « bureaux ». « Les consommateurs étrangers savent parfaitement en arrivant à Barcelone qu’ils vont prendre de la drogue et quels types de drogue ils souhaitent » explique José Portella, responsable d’un groupe d’investigation de Ciutat Vella des Mossos d’Esquadra.
Applications et livraisons
Le narcotourisme provoque une atmosphère particulière dans certains quartiers, comme le Raval. L’association Illa RPR (centre Raval: rues Robadors-Picalquers-Roig) a tiré la sonnette d’alarme il y a déjà quelques mois car les habitants sont les premiers impactés. Seringues dans les rues, règlements de compte, ils doivent faire face à ce type d’incident au quotidien. Les membres de l’association craignaient une recrudescence pour la saison estivale et dès le mois de juin avec les festivals qui réunissent en quelques jours des milliers de fêtards à Barcelone.
Carlos, codirecteur du projet Otro gato del Raval précise que « tous les événements massifs deviennent des points de consommation de drogue. Cela s’applique autant à des festivals en plein air comme Pedralbes, qu’à des concerts au Palau Sant Jordi ou à des événements comme le Mobile World Congress. Tous font augmenter la consommation. L’été dernier, nous avons vu constamment des acheteurs aller à différents narco-appartements pour consommer. Il n’y a rien d’étrange, c’est assez commun de voir ça maintenant. » Pour trouver les narco-appartements, les touristes utiliseraient le « dark web », ces sites Internet non indexés par les moteurs de recherche qui servent pour des activités illégales, selon l’association Illa RPR. Ils révèlent aux acheteurs leur emplacement exact. Les Mossos d’Esquadra affirment également que des applications répertorient ces endroits. Ainsi, il n’est pas rare de repérer des futurs acheteurs dans les rues du Raval armés de leur smartphone.
« Nous soupçonnons également que l’accès aux drogues est facilité à travers des distributeurs en vélo de type Deliveroo. Les acheteurs appellent depuis leur hôtel pour se faire livrer sans se déplacer » ajoute Carlos. Pour freiner le phénomène, de nombreuses organisations réclament plus d’actions de la part de la police. Avec un tel contexte, Barcelone est devenue la ville européenne dans laquelle se consomme le plus de cocaïne selon un rapport de Score et l’Observatoire Européen des Drogues et Toxicomanie révélé en mars dernier.