Equinox a 7 ans. L’occasion de revenir sur les coulisse des interviewes qui ont marqué Equinox.
28 décembre 2016, Nico Salvado et Aurélie Chamerois se rendent au Palau de la Generalitat pour une interview du président Carles Puigdemont. Un peu moins de deux ans plus tard, le chef de la Catalogne allait tenter de déclarer l’indépendance. « Il était évident que c’était un jusqu’au-boustiste » se souvient Nico Salvado.
« Tout le monde disait que le référendum n’aurait jamais lieu, mais en discutant avec le président, j’ai ressenti que ce n’était pas Artur Mas et qu’il allait se passer quelque chose, Puigdemont voulait rester dans l’histoire » ajoute le co-fondateur d’Equinox. « Au début l’ambiance était glaciale, mais lorsqu’il a vu que notre photographe Sarah Sanchez était enceinte ça vite détendu l’atmosphère »ajoute-t-il.
C’est sur Equinox que pour la première fois, Carles Puigdemont a annoncé que si le « oui » gagnait avec 50% des votes plus une voix il ferait une déclaration unilatérale d’indépendance. Des propos chocs du président sur Equinox qui ont fait la une de toute la presse espagnole et catalane.
« C’était au-delà de l’évidence que Puigdemont était lancé comme un missile, c’est pour cela que j’ai voulu que la ligne éditoriale d’Equinox parte toujours du principe de base qu’un référendum aurait lieu et que les conséquences politiques seraient inouïes » insiste Nico Salvado. « Certains ont cru voir un positionnement d’Equinox en faveur de l’indépendance, c’est faux, on voulait décrire l’actu en étant le plus réaliste possible » termine l’éditorialiste.
« Il est courtois mais toujours pressé », c’est ainsi que la rédactrice en chef d’Equinox, Aurelie Chamerois décrit Manuel Valls. Correspondante pour plusieurs médias français, la journaliste a souvent suivi l’ancien Premier ministre dans ses déplacements à Barcelone. « On a voulu faire l’interview sur Equinox et on a vu qu’on n’avait pas de contact presse, j’ai rarement connu un politique aussi compliqué à joindre » se souvient Nico Salvado. « En décembre 2018, nous avions une stagiaire à Equinox, Elisa Casson, qui grâce aux contacts de son école de journalisme à Paris a retrouvé le portable perso de Valls » raconte le cofondateur d’Equinox. Avec ce numéro de téléphone et l’aide d’une assistante parlementaire, Equinox a réussi à caler une interview. « Alors que personne n’évoquait le sujet d’une candidature à la mairie de Barcelone, je lui ai posé ouvertement la question et Valls a rigolé et promis qu’il allait y penser« se remémore le co-fondateur d’Equinox. Quelques semaines après, il faisait les premiers pas vers sa possible candidature, « j’espère qu’il va se présenter, d’un point de vue médiatique ça ferait une campagne électorale qui serait très suivie et très intéressante » s’enthousiasme Nico Salvado.
Si Manuel Valls se présente, le match sera de haut niveau entre la maire Ada Colau et le candidat anti-indépendantiste. « Colau, c’est le cauchemar médiatique » se désole le co-fondateur d’Equinox. « Nous avions interviewé Ada Colau en avril 2015 et ensuite elle a disparu comme Keyser Söze dans le film Usual Suspect… on ne l’a jamais revue » sourie Nico Salvado.« La mairie de Barcelone est devenue célèbre parmi les journalistes internationaux pour répondre lentement et difficilement à la presse, surtout si on demande une interview de la mairesse » confie Aurélie Chamerois.
« Une des hautes responsables médias d’Ada Colau, c’est Águeda Bañon, qui est une amie personnelle de la maire. Cette personne, qui n’a aucune expérience professionnelle dans le domaine, n’a pas répondu une seule fois à un mail d’Equinox en trois ans. Soit c’est un emploi fictif, soit elle morte dans son bureau sans que personne ne s’en aperçoive » s’amuse Nico Salvado. « Je pense qu’ils vont revenir pendant la campagne électorale mais quand tu ne vois personne pendant trois-quatre ans, ça ne donnera pas des échanges très fluides » se désole Salvado.
« Il était vraiment dans un état second, je me demande comment il a fait pour retrouver le chemin de l’aéroport » raconte la journaliste Leslie Singla se remémorant une interview du deejay français Breakbot dans les coulisses du Razzmatazz en novembre 2014. Le monde de la nuit reste un univers à part, confirme Aurélie Chamerois. « Les gens ont envie d’écouter un deejay mixer, pas forcément répondre à des question » ajoute la journaliste. « La seule interview intéressante d’un deejay qu’on ait faite est celle de Pierre Sarkozy, opine Nico Salvado, mais du coup, on n’a pas parlé de politique, ni de son lien familial, on l’a respecté en tant qu’artiste à part entière et le courant est bien passé, il est largement plus humble que des dizaines d’autres deejays ».
« Au niveau artistes, j’ai vraiment plus accroché avec Guillaume Musso, reprend Leslie Singla, il est très humble, très accessible, et il a annoncé sur Equinox qu’il allait sortir un roman ayant pour intrigue Barcelone, j’ai hâte ».
Frederic Beigbeder c’est un autre style. « On a l’impression qu’il cherche à jouer sa propre caricature, mais il est vraiment pro et nous a fait une belle interview en ne parlant quasiment que de Barcelone, qui reste le sujet d’intérêt majeur de notre public » conclut la journaliste.