Corruption de la droite espagnole : une bonne journée pour Montesquieu

L’écrivain catalan Andreu Claret écrit depuis des mois ses « chroniques de Catalogne » qui décortiquent sous une fine plume la politique catalane. Equinox publie les meilleures feuilles.

«Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Ainsi parlait le Baron de Montesquieu. Jeudi, cette maxime s’est appliquée à l’Espagne. Pour que le Partido Popular (PP) n’abuse pas encore plus du pouvoir, il était nécessaire de lui enlever un autre pouvoir. Un pouvoir qui n’a pas été phagocyté par le PP. Le pouvoir judiciaire. Les 350 ans de peines de prison infligés aux 29 accusés du complot Gürtel, plus de 30 ans à Barcenas et le PP condamné pour sa « participation à titre lucratif » ont donné lieu à un grand jour pour la démocratie.

Je sais que pour beaucoup, en Catalogne, cette affirmation fait polémique. Comment en serait-il autrement puisque l’un des mantras du processus indépendantiste a été que nous manquions d’une justice indépendante? A ceux qui soutiennent que la séparation des pouvoirs n’existe pas, je leur recommande de lire la sentence. Exemplaire, dans les condamnations et les arguments. Comme celui qui contredit la tentative pathétique de Rajoy de nier l’existence d’une double comptabilité dans son parti. Et à ceux qui prétendent que nous vivons en dictature, je les invite à regarder les images d’Eduardo Zaplana entrant dans la prison de Picassent. Le jour même où le PP a vu le ciel lui tomber sur la tête.

Nous avons déjà dit ici que certaines décisions du juge instructeur Pablo Llarena étaient discutables, à commencer par la détention préventive. Mais, à ce jour, personne ne pourrait les attribuer au fait que la justice espagnole serait un jouet entre les mains du gouvernement. Il faudrait établir un lien plus fin et penser que la formation d’un juge, le contexte dans lequel il évolue, les journaux qu’il lit en prenant son petit déjeuner sont autant d’éléments qui peuvent le mener à commettre de graves erreurs. Comme avec la Manada. Ceci dit, je ne pense pas que ce soit bon signe que le pouvoir judiciaire soit celui qui sorte les marrons du feu. Il convient de rappeler que l’épisode de Mani Pulite a rendu l’Italie malade du populisme. Si les institutions politiques fonctionnaient mieux, plusieurs pare-feux se seraient activés avant de devoir faire face à un tel bourbier de corruption.

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