La bataille pour récupérer la mairie de Barcelone a déjà commencé entre les indépendantistes pour choisir le candidat qui affrontera probablement Manuel Valls lors des prochaines élections municipales.
La mairie de Barcelone, capitale de la Catalogne, n’est pas actuellement aux mains des indépendantistes. Dans le récit national souverainiste, c’est une anomalie qui fait tache. Le but est de déloger Ada Colau en juin de l’année prochaine. Élue de justesse en 2015, celle-ci aura du mal à résister à la violente bataille que vont livrer les indépendantistes probablement à Manuel Valls qui sera candidat pour le parti Ciutadans et en faveur de l’unité de l’Espagne.
Comme souvent les indépendantistes sont divisés. Pour le moment, le favori des sondages est Alfred Bosch, le candidat de la gauche républicaine (ERC). Le parti démocrate catalan (Pdecat) d’Artur Mas presente également une impétrante : l’ancienne porte-parole gouvernementale Neus Munté. Carles Puigdemont n’accorde aucune légitimité ni à l’un ni à l’autre et prépare une candidature unique sous l’étiquette Junts per Barcelona (ensemble pour Barcelone), déclinaison de Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne) qui lui a permis de remporter les élections parlementaires du 21 décembre et de mettre à la tête de la Generalitat Quim Torra.
Le but de Carles Puigdemont est que les candidats d’ERC et Pdecat se retirent afin de laisser la place à une personnalité médiatique qui dirigerait une liste d’union. Carles Puigdemont pense à la star de TV3, la journaliste Pilar Rahola, qui a officiellement refusé mais qui a été omniprésente au parlement catalan lors de l’investiture de Quim Torra.
Puigdemont pense également à son propre avocat : le très médiatique Jaume Alonso-Cuevillas. L’entourage de l’ancien président confirme que la campagne sera aux tonalités très indépendantistes afin de conserver l’esprit du 1er octobre.
Expulsion
Neus Munté pourrait se retirer facilement, tant le Pdecat est affaibli et les sondages ne sont pas bons. En revanche, il va être plus compliqué de déloger Alfred Bosch. Cet écrivain érudit, qui parle 6 langues dont un français parfait, est à l’aise dans les médias et laboure le terrain depuis trois ans en qualité de conseiller municipal. Les sondages lui sont flatteurs.
Croisé dans les couloirs du parlement lors de l’investiture de Quim Torra, Alfred Bosch confie à Equinox qu’il « a le plus grand respect pour Carles Puigdemont président légitime de la Catalogne ». Cependant le prétendant à la mairie ajoute que « l’élection étant locale, à Barcelone le choix du candidat ne rentre pas dans les compétences de Carles Puigdemont ».
Manuel Valls
« Manuel Valls n’est pas apprécié par les Barcelonais et ne pourra pas se présenter » croit aussi savoir Alfred Bosch. « Il serait fou de le faire, il est sûr de perdre, il ne viendra pas » se rassure l’écrivain qui, on le sent, n’a pas envie de voir débarquer l’ancien premier ministre français à Barcelone. Un candidat clivant sur le thème indépendantiste obligerait Bosch à aller sur un terrain qu’il ne veut pas : la défense de l’unité de l’Espagne.
Les proches d’Alfred Bosch ne souhaitent pas une campagne ultra-indépendantiste. « Barcelone est une ville plurielle, et il faut parler à tous en proposant des politiques sociales et de progrès avant toute chose » explique-t-on dans son équipe de campagne. En revanche chez Carles Puigdemont on jubile de la probable arrivée de Valls. Le choc pro et anti-indépendance aurait lieu entre Valls et le candidat médiatique du camp Puigdemont, ce qui garantirait l’internationalisation du processus au vu du rang de l’ancien premier ministre.
La république des municipalités
Au-delà de Barcelone, Quim Torra et Carles Puigdemont veulent que les municipales qui auront lieu en juin 2019 soient une journée de plébiscite en faveur de l’indépendance de la Catalogne. Un nouveau référendum légal. Le résultat sera analysé non pas comme une série de scrutins locaux mais comme un ensemble global afin de communiquer sur la République des municipalités catalanes.