L’écrivain catalan Andreu Claret écrit depuis des mois ses « chroniques de Catalogne » qui décortiquent sous une fine plume la politique catalane . Equinox publie les meilleures feuilles.
Ils intègrent le cocktail que l’actualité nous a offerts ces derniers jours. C’était une opportunité pour apprécier les manières différentes, radicalement différentes, d’aborder la question de l’identité.
Alors qu’en Catalogne, celui qui est arrivé à la présidence de la Generalitat est un homme connu pour sa vision craintive et exclusive de l’identité catalane et alors que Ciudadans a rendu public un projet d’une nation espagnole recentralisée et uniformisée, dans un temple de l’Angleterre blanche et victorienne comme Windsor, la diversité a explosé. Avec toutes ses contradictions, mais avec un potentiel transformateur attractif.
Une diversité chargée d’avenir, contre une conception de l’Espagne et de la Catalogne ancrée dans le passé. L’optimisme radiant de cette chorale de Gospel chantant « Stand by Me » contre le pessimisme de ceux qui voient l’identité comme la réponse à une menace. Les textes de Torra ont permis de souligner des expressions xénophobes, mais cela ne me parait pas très significatif. La chose la plus pertinente de son mode de réflexion est son attachement à une tradition qui nous vient de Josep Antoni Vandellos et d’autres auteurs des années trente qui ont vu dans la démographie le danger d’un déclin catalan.
Comme l’a signalé le politologue Oriol Bartomeus, ce discours défensif ne révèle pas seulement un certain archaïsme. Il vient s’ajouter à la réponse nationaliste qui traverse de nombreux pays occidentaux. Dans le discours nationaliste de Rivera proposant une Espagne citoyenne, il y a beaucoup de « America First » de Trump face à la menace de la mondialisation. Une Amérique blanche qui exige à grands cris que l’on arrête de parler espagnol et qui a besoin d’un mur pour se sentir en sécurité. Comme la Catalogne pure sous-jacente dans les écrits de Quim Torra. Comme l’Espagne dont certains rêvent.
Ciudadans et Torra ont en commun cette attitude de repli face à une société mutante, où le nom, l’origine ou la couleur de peau permettent de moins en moins de dire qui sont des miens et qui sont les autres. Une société, où un prince aux cheveux roux se marie avec une femme qui, jusqu’à récemment, se faisait appeler mulâtre. Où sa grand-mère, la Reine, doit écouter, imperturbable, le discours passionnel d’un pasteur descendant d’esclaves. Et où la violoncelliste n’était pas de ceux qui habituellement jouent dans les cérémonies de la Maison royale.
Message intéressant du week-end : nous devons choisir dans quel monde nous voulons vivre. Dans celui que nous propose Torra ou Ciudadanos, ou dans celui qui débarque, même si c’était seulement pour un peu plus d’une heure, dans cette magnifique chapelle de San Jorge.