A Barcelone, seules 7% des rues portent un nom de femme

On est encore loin de la parité. Passeig d’Isabel II, carrer de la Reina Cristina, carrer Dolors Monserdá. Ces rues font parties des 7% des voies publiques de Barcelone à avoir un nom de femme.

Victor Hugo disait : « Le plus beau patrimoine est un nom révéré ». Les femmes représentant 50% de la population mondiale, leur patronyme est loin de représenter la moitié du patrimoine barcelonais.

Avec une capacité de croissance restreinte, il reste peu de marge de manœuvre à la mairie de Barcelone pour ajouter de nouveaux noms de rues. Face à la requête de citadins de voir plus de nomenclature féminine, des places du quartiers de l’Eixample ont été baptisées avec des noms de femmes célèbres ces dernières années. Une réponse peu satisfaisante pour les auteurs de réclamations. Selon Metropoliabierta, sur les 4460 voies publiques recensés jusqu’en 2010, 1913 portent des noms d’hommes, contre 317 pour les femmes. Soit un peu plus de 7%, à peine plus que la capitale française et ses 5%.

14 femmes sur une réserve de 240 noms

Malgré les faibles projections de croissance de la ville, des propositions de noms de personnes illustres continuent d’être déposées. Chaque citoyen peut en effet y aller de sa suggestion et, depuis ces trois dernières décennies, 240 noms ont été validés par la commission en charge. Et là encore le constat ne va pas dans le sens de la parité puisque « seulement 14 sont des noms de femmes ou de collectifs féministes », a précisé Marta Mas, membre de la commission de mémoire et de genre, à Metropoliabierta.

Pourtant, ces dernières années la tendance penche plutôt vers une meilleure représentation des femmes illustres puisque, entre 2000 et 2010, 97 nouvelles rues ont été baptisées avec en ce sens et 96 avec des noms d’hommes. Et depuis 2011, 38 noms de femmes ont été donnés sur les 210 nouvelles rues. Une évolution en sachant qu’entre 1990 et 1996, seules 27 plaques de rues sur 367 ont été gravées au féminin, contre 120 masculines.

Jane Goodall et Cléopâtre sur des noms d’hommes

Face à l’inertie des pouvoirs publics, l’année dernière, une cinquantaine de résidents du quartier Besós-Maresme ont répondu à l’appel de l’initiative Women in Cities pour le 8 mars et ont remplacé le nom de 12 rues par des noms de femmes. Cette zone n’a pas été choisie au hasard puisqu’elle serait « la plus inégalitaire », selon les organisateurs de l’initiative « une balade pour les femmes ». Les nouvelles plaques ont été arrêtées suite à un vote sur Facebook. L’ethnologue Jane Goodall a donc surplombé la ville aux côtés de l’auteure Virginia Wolf, l’actrice Bibi Andersen, la plus jeune prix Nobel de la paix, Malala Yousafzai ou encore Cléopâtre.

Et la féminisation des rues n’est pas la seule à faire débat. En 2015, le parti de gauche indépendantiste Esquerra Republicana avait présenté un plan pour « débourbonniser » une vingtaine de rues et espaces publics. L’historien Ricard Vinyes, lui, a souligné lors d’un entretien au pure player catalan El Nacional d’autres voies faisant référence à un lourd passé comme celles aux noms liés à l’inquisition. La carrer Sant Domènec del Call rappelle les Dominicains, principaux acteurs de l’Inquisition. D’autres évoquent le franquisme comme la rue Aviador Franco, dédiée au frère du général Franco, Ramon, qui a participé à de nombreux bombardements en Catalogne. Tout un travail de mémoire historique à entreprendre et planifier sur plusieurs années. 

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