Jeudi soir, Carles Puigdemont a désigné son successeur au Palais de la Generalitat : Quim Torra. Ce député catalan, habitué des milieux souverainistes, est peu connu du grand public.
Chaque nouveau président de la Catalogne est plus de plus en plus jusqu’au-boutiste. En 1981, Jordi Pujol était souverainiste. En 2003, Pascal Maragual fédéraliste. En 2012, Artur Mas nationaliste. En 2015, Carles Puigdemont indépendantiste.
2018, Quim Torra qui sera investi officiellement la semaine prochaine est encore plus puriste que son prédécesseur. Cet avocat et éditeur semble pencher vers des thèses visant à séparer drastiquement la culture catalane de l’espagnole. Dans une série de tweets écrits en 2012 et effacés récemment, le nouveau président opinait que si « la Catalogne ne devenait pas indépendante rapidement, le peuple catalan allait devenir aussi dingue que l’espagnol » ou encore « nous sommes occupés par les Espagnols depuis 1714 ».
Nul doute qu’en devenant président, Quim Torra choisira mieux ses mots à l’avenir. Mais force est de constater que Carles Puigdemont, en solo, a choisi pour lui succéder probablement l’un des hommes les plus radicaux de son entourage. Ada Colau, la maire de Barcelone, a déjà écrit son tweet assassin hier soir : Quim Torra représente selon elle « le nationalisme le plus excluant et ethniciste ».
En tandem avec Puigdemont
L’homme n’est pas un politique professionnel, c’est un idéologue. Puigdemont le sait et le choisit à dessein. Le but des deux hommes, qui agiront de concert l’un depuis Barcelone et l’autre depuis Berlin ou Bruxelles, sera de mettre l’Espagne et Mariano Rajoy dans les cordes. Cette année, il n’y aura pas de référendum, ni de déclaration d’indépendance, mais l’esprit du mois d’octobre 2017 est revenu. D’une manière ou d’une autre, Quim Torra et Carles Puigdemont continueront le processus de séparation de la Catalogne avec l’Espagne.
Pour les aider, ils ont un allié de choix : Albert Rivera, le président du parti Ciutadans. Galvanisé par les sondages, celui-ci se voit bien occuper le siège de président du gouvernement espagnol après les prochaines législatives. Son unique axe de campagne est de répéter inlassablement que dans le dossier catalan Mariano Rajoy est un incompétent. Ciutadans aujourd’hui est le seul parti en Espagne à demander à ce que l’article 155, qui suspend les compétences de la Catalogne, reste en vigueur malgré la formation d’un gouvernement. Des propos chocs qui plaisent à l’Espagne rurale et conservatrice. Ciutadans veut les votes de droite. Les législatives n’ayant lieu qu’en décembre 2019, Rivera jettera de l’huile pour maintenir l’incendie indépendantiste, au plus grand bonheur de Torra et Puigdemont qui ont besoin que la situation reste clivée. L’arrivée de Manuel Valls dans la campagne municipale de Barcelone contribuera également à faire monter la pression.