L’ancien premier ministre français a annoncé qu’il pourrait se présenter aux prochaines élections municipales de Barcelone. Une nouvelle positive pour l’ex président catalan Carles Puigdemont.
Manuel Valls a fait ce matin un pas de plus vers sa candidature à la municipale de Barcelone, en déclarant à la TVE qu’il étudiait la demande du parti unioniste Ciutadans. Une option qui réjouit fortement les proches de Carles Puigdemont pour deux raisons. Tout d’abord, elle pourrait internationaliser le processus indépendantiste. L’ancien ministre de la culture en exil, Lluis Puig, déclarait la semaine dernière sur Equinox, que c’était positif que Manuel Valls se positionne contre l’indépendantisme. « En qualité de démocrate, il ne souhaite pas que tout le monde soit en faveur de l’indépendance, mais que le plus grand nombre de personnalités européennes se positionnent sur le sujet. » Il se félicitait que Manuel Valls soit aussi présent dans le débat.
Puigdemont souhaite une alliance avec ERC
Actuellement, le favori aux élections municipales de Barcelone de 2019 serait Alfred Bosch, l’indépendantiste d’Esquerra Republicana. Il y a deux partis indépendantistes: Esquerra Republicana et le centre droit Junts per Catalunya de Carles Puigdemont. Ce dernier n’est pas en position de remporter l’élection, il aimerait faire une liste commune avec ERC. Mais Esquerra Republicana n’est pas favorable, car le parti affirme ne pas avoir besoin de Junts per Catalunya pour gagner la mairie. De plus, la branche municipale d’ERC considère que le positionnement de Carles Puigdemont est trop indépendantiste pour la population de Barcelone, qui n’est pas la ville où il y a le plus de séparatistes. Alfred Bosch veut orienter la campagne vers le progressisme, la gauche, le social et le sociétal, plus que vers l’indépendantisme.
Si Manuel Valls se présente comme candidat anti-indépendantiste, Carles Puigdemont va réclamer la liste unique pour faire un front indépendantiste face à Ciutadans, en disant qu’il existe un risque réel que le parti gagne la capitale de la Catalogne. Contacté par Equinox, un proche du candidat Alfred Bosch a confié qu’il n’était pas sûr que Manuel Valls aille jusqu’au bout et qu’il voulait surtout faire parler de lui.
Barcelone, un marchepied pour Manuel Valls
Manuel Valls a réellement le désir d’aller aux élections municipales de Barcelone, car il n’est plus populaire en France. Il est député dans le groupe En marche, mais il n’a pas l’étiquette de ce parti. Il ne pourra jamais avoir une candidature à l’élection présidentielle en France, ni retourner au parti socialiste, qui de toute façon est au plus bas, et il n’a pas les capacités aujourd’hui de créer son propre parti.
L’ancien premier ministre français, qui a toujours en tête les élections présidentielles de 2022, pourrait se servir de Barcelone. Devenir maire d’une capitale européenne serait un marchepied, qui permettrait de doubler Emmanuel Macron sur le côté européen. On sait que ce dernier est le président le plus européen de la 5e République. Ainsi, Manuel Valls deviendrait encore plus européen que lui, en devenant maire dans un pays dont il n’a pas la nationalité.
Est-ce que Manuel Valls va aller jusqu’au bout? On peut supposer qu’il en a réellement envie car il tâte le terrain depuis un moment, il va pas à pas dans cette campagne. Le soutien de la presse espagnole a du lui plaire. Il a fait le tour des médias et s’avère très bien vu contrairement à la presse catalane. Lors des manifestations anti-indépendantistes de ces derniers mois à Barcelone, il a été acclamé par la foule, ce qui flatterait son ego et le motiverait à venir se présenter dans la capitale catalane.
Des sondages seront sûrement réalisés pour savoir s’il peut gagner. Il faut savoir qu’avec le sytème à la proportionnelle, il doit avoir la majorité absolue de conseillers pour gagner, sinon il devra faire un pacte avec les socialistes et le PP. Difficile d’imaginer un ancien premier ministre français qui négocie avec une faible majorité au conseil municipal avec les socialistes et le PP. Pour éviter ces alliances, il devrait avoir la majorité absolue avec Ciutadans, ce qui reste extrêmement compliqué aujourd’hui.
Si les sondages ne se révèlent pas flatteurs, une seconde option pourrait voir le jour: tête de liste aux européennes, ce qui serait une élection plus facile que la municipale. On peut imaginer que les Français qui ont le droit de vote aux élections municipales à Barcelone pourraient voter Manuel Valls. Même s’il garde une mauvaise image dans la communauté française, certains le voient opportuniste, Emmanuel Macron avait fait 90% des voix à la présidentielle au second tour. Il y a donc un réservoir de voix important dans les 30 000 Français de Barcelone. Ceux qui ont été traumatisés de l’indépendance avec le référendum pourraient cette fois-ci voter pour Ciutadans, surtout si Emmanuel Macron intervenait dans cette campagne.
Ciutadans cherche une forte personnalité
Ciutadans cherche un candidat. Carina Mejías qui est actuellement la présidente du groupe Ciutadans à la mairie devait être la candidate aux municipales. Mais le parti l’a jugé un peu trop conservatrice, car c’est une dissidente du Partido Popular de Mariano Rajoy. Elle a une image bourgeoise old school , qui ne correspond pas à la figure moderne que souhaite Ciutadans pour Barcelone. Ces derniers jours, le nom d’Inés Arrimadas était évoqué pour se présenter. Le parti souhaite une personnalité forte pour la mairie qu’ils estiment gagnable car ce n’est pas l’endroit le plus indépendantiste de la Catalogne. À voir si Manuel Valls acceptera ce défi.