Le juge Pablo Llarena a convoqué une dernière fois les politiques catalans devant son tribunal. Les échanges étaient tendus.
La phase d’instruction du procès indépendantiste est sur le point d’être conclue par le magistrat Pablo Llarena. Les anciens ministres, l’ex-présidente du parlement catalan et les responsables associatifs ont été convoqués à la barre du tribunal pour être officiellement informés par le juge que la charge de rébellion, entraînant 30 ans de prison, était retenue contre eux. Après cet ultime phase, le juge instructeur Llanera conclura la procédure et viendra l’heure, probablement à l’automne, du procès public.
Les ultimes échanges entre le juge et les détenus ont été très virulents. Tous les mis en examen, avec certaines nuances, ont opté pour accuser le juge de partialité, d’être soumis aux ordres du gouvernement espagnol et de faire des prisonniers politiques. Le moment le plus tendu a eu lieu durant le passage de Jordi Sanchez. L’ancien président de l’association indépendantiste ANC et candidat à la présidence de la Catalogne, incarcéré depuis le 16 octobre, a reproché au juge « son manque total d’objectivité ». Sanchez se refère au document d’accusation où le juge Llarena utilise le « nous » pour évoquer les préjudices de la déclaration d’indépendance. « Vous ne pouvez pas être juge et victime » a lancé Jordi Sanchez au magistrat en le fixant droit dans les yeux, selon des témoins de la scène. « Vous pouvez faire appel de mes décisions devant les juges compétents » s’est borné à répondre Llarena.
L’ancien vice-président Oriol Junqueras, emprisonné depuis le 2 novembre, a affirmé que « convoquer un référendum n’est pas un délit en Espagne ». « Le 1er octobre fut un vote massif qui ne peut pas se réprimer par la force » a ajouté Junqueras en condamnant les forces de police espagnoles.
L’impartialité du juge remise en question par les indépendantistes
L’ancien ministre de l’emménagement du territoire Josep Rull a lui remis en cause la séparation des pouvoirs de l’État espagnol et a accusé le juge de « poursuivre la feuille de route du gouvernement espagnol ». Rull a fait un parallèle entre les juges européens « qui ont pris des décisions favorables aux indépendantistes et la sévérité du tribunal suprême espagnol ».
Selon des témoins, cette accusation a fait bondir le juge sur son fauteuil et a tenté de créer une polémique lors de la comparution de l’ancien ministre Rull. Plusieurs fois, le magistrat a commencé ses phrases par un ironique « permettez que je résolve votre inquiétude ». Rull, se référant aux futurs décisions des tribunaux européens, a récité devant le juge un poème de Salvador Espriu , Càntic en el temple, où le vers déclame qu’il est long d’attendre dans l’obscurité que perce la lumière.
Durant les 45 minutes passées devant le juge, l’ancien ministre de l’équipement a également accusé Pablo Llarena de faire de la politique. « Si les indépendantistes n’avaient pas gagné les élections du 21 décembre, nous ne serions pas en prison » a-t-il affirmé.
L’ancien porte parole du gouvernement et candidat à la présidence de la Catalogne Jordi Turull a lancé un cinglant « C’est vous monsieur le juge qui nous avez convertis en prisonniers politiques ».
Les avocats de Carles Puigdemont, qui attendent le jugement de l’extradition de leur client depuis Berlin, ont affirmé que les actions du juge Llarena feraient parler d’elles pendant des dizaines d’années et estiment que le magistrat doit être récusé pour sa partialité politique.