Le parquet allemand demande ce mardi matin l’extradition de Carles Puigdemont vers l’Espagne, incluant les délits de malversation et rébellion, passibles de 30 ans de réclusion.
Le procureur allemand va dans le sens du juge espagnol : il demande à ce que Carles Puigdemont soit extradé vers l’Espagne avec l’ensemble des charges demandées par le Tribunal Suprême : malversation et rébellion. Le parquet allemand réclame également au juge le maintien de Carles Puigdemont en prison préventive, en attendant que l’extradition soit effective.
La balle est maintenant du côté du juge allemand qui pourra décider ou non de suivre les recommandations du procureur.
Les options du juge allemand
Le juge peut totalement refuser la demande d’extradition espagnole. Avec cette option, Carles Puigdemont serait totalement libre et pourrait retourner en Belgique. Un scénario qui tournerait totalement le dos au parquet allemand et qui devant la sévérité du réquisitoire du procureur parait aujourd’hui improbable, mais pas impossible.
Le juge peut opter pour l’extradition sans conditions, incluant les délits de malversation et rébellion, ouvrant la voie à une incarcération de plusieurs dizaines d’années en Espagne. Dans cette hypothèse, il estimerait que Carles Puigdemont a usé de « violence » lors du processus indépendantiste. Juridiquement, la violence n’est pas que physique mais peut avoir lieu dans les domaines politiques et institutionnels.
Le juge allemand, tout en maintenant l’extradition, peut également modérer les charges en refusant de retenir la rébellion pour ne garder que la malversation. De fait la peine maximale de prison se retrouverait largement réduite. Par effet de dominos, le juge espagnol devrait également reconsidérer les poursuites contre les anciens ministres actuellement incarcérés à Madrid. Il serait illogique de voir un Puigdemont condamné à deux ans de prison, tandis qu’un personnage secondaire passerait 30 ans derrière les barreaux.
L’avocat de Carles Puigdemont a affirmé ce matin sur la radio catalane Rac1 que la décision du parquet allemand était tout à fait normale. Il opine également que le processus d’extradition jugé par l’Audience Territoriale du land de Schleswig-Holstein sera très long et durera entre deux et trois mois.
Les anciens ministres en prison
Dans une longue tribune publiée par le journal La Vanguardia, le candidat à la présidence de la Catalogne incarcéré Jordi Turull explique pourquoi, selon lui, le juge d’instruction Pablo Llarena l’a envoyé en prison il y a une dizaine de jours. L’ancien ministre Turull indique que le juge a justifié sa décision de le placer en détention provisoire en arguant du fait que l’« on ne remarque pas dans sa sphère psychologique interne un puissant élément qui permettrait de démontrer son respect des décisions judiciaires ». Dans la Vanguardia, Jordi Turull explique qu’il « souffre d’un manque de respect« , le juge tentant de faire une analyse psychologique qui est hors de ses compétences.
Il apparaît de plus en plus évident que les anciens ministres incarcérés, l’ancienne présidente du parlement Carme Forcadell ainsi que les responsables associatifs Jordi Sanchez et Jordi Cuixart devraient rester en prison préventive jusqu’à leur procès, qui n’aura pas lieu avant des mois.