Nouveau coup de théâtre, alors que le parlement catalan avait prévu d’investir Jordi Turull nouveau président de la Catalogne, le juge le convoque vendredi au Tribunal suprême pour éventuellement le remettre en prison.
Jordi Turull, le porte-parole de l’ancien gouvernement de Carles Puigdemont, devait être investi nouveau président de la Catalogne. Cependant, après avoir passé près d’un mois en détention préventive suite à la déclaration unilatérale d’indépendance, Turull est actuellement en liberté provisoire. Une situation qui pourrait prendre fin vendredi, le juge instructeur de l’affaire Pablo Llarena convoque à 10h30 à Madrid Jordi Turull lui-même pour réviser sa liberté conditionnelle. En acceptant de devenir président de la Catalogne, l’ancien porte-parole flirte avec la situation de récidive qui pourrait le conduire dès vendredi, de nouveau, derrière les barreaux.
Le magistrat applique l’article 505 du code pénal pour apprécier si Jordi Turull n’est plus en cause dans des positions politiques de rébellion et sédition. Deux choix semblent s’offrir à Turull : soit il déclare devant le juge qu’il accepte sa candidature à la présidence de la Catalogne et il a toutes les chances de se retrouver de nouveau en détention préventive assortie d’une mesure inéligibilité, soit il fait un pas en arrière et accepte de quitter définitivement la vie politique, bloquant de fait la session d’investiture. L’indépendantisme devra alors se trouver un nouveau candidat.
Pression maximale
La justice espagnole a décidé de mettre la pression maximum sur le noyau dirigeant indépendantiste. Vendredi, en plus de Jordi Turull, sont convoqués devant le juge l’ancienne président du parlement Carme Forcadell, l’ancien ministre des Affaires étrangères Raul Romeva, l’ancien ministre de l’Aménagement du territoire Josep Rull, l’ancienne ministre del la Fonction publique Dolors Bassa et l’actuelle numéro 2 du parti indépendantiste ERC Marta Rovira, tous ont en commun d’être actuellement députés indépendantistes.
A noter que les anciens ministres qui ont été en détention provisoire en novembre et qui se sont retirés de la vie politique, comme l’ancien ministre de la Justice Carles Mundo, ne sont pas convoqués par le juge. On peut donc imaginer que celui-ci va invoquer la récidive et placer l’ensemble des mis en examen devant l’équation : retrait définitif de la vie politique ou détention.
Le démantèlement des cellules dirigeantes de l’indépendantisme devrait aller encore plus loin avec l’application de l’article 384 bis de la loi du Code pénal qui va déboucher sur l’inéligibilité de l’ancien vice-président de la Generalitat Oriol Junqueras, l’ancien ministre de l’Intérieur Joaquim Forn et les anciens présidents des associations indépendantistes Jordi Sanchez et Jordi Cuxart. Ces quatre responsables étant actuellement incarcérés, la loi permet de les frapper d’inéligibilité avant leur procès.
Enfin dans la batterie de mesures attendues vendredi devrait figurer la réactivation du mandat d’arrêt international afin de ramener sur le sol espagnol l’ancien président Carles Puigdemont et les anciens ministres qui sont actuellement en exil. Techniquement, ces mesures pourront être mises en application si une des parties de l’accusation le demande officiellement, que ce soit le parquet, les avocats de l’Etat espagnol ou les parties civiles représentées par le mouvement d’extrême-droite Vox. Il ne fait aucun doute qu’au moins un acteur de ces parties en fera la demande et rend inévitable le destin noir qui s’ouvre devant l’indépendantisme.