Le président du parlement de Catalogne annonce qu’il va prochainement convoquer une session plénière pour modifier la loi et permettre une investiture à distance du président de la Generalitat.
Investir un président à distance, ce n’est techniquement pas possible. La loi catalane régissant l’élection du président de la Generalitat stipule que le candidat doit défendre son programme physiquement devant les députés, dans l’enceinte du parlement. Après le résultat du scrutin du 21 décembre et devant l’impossibilité de Carles Puigdemont de revenir en Espagne, l’entourage de l’ancien président avait envisagé de modifier la loi pour que le leader catalan soit investi depuis Bruxelles.
Le gouvernement de Mariano Rajoy avait alors saisi le Tribunal constitutionnel pour avertir le président du parlement catalan qu’il risquait une sanction pénale s’il forçait la loi. A la grande fureur de C. Puigdemont, Roger Torrent et la gauche indépendantiste avaient fait marche arrière, refusant de présenter une modification de la loi.
Déblocage ou gesticulation?
Coup de théâtre ce lundi soir 19 mars, le président et le bureau du parlement ont annoncé qu’ils allaient convoquer une session plénière pour modifier la loi et ainsi permettre une investiture à distance. De toute évidence, ce n’est pas pour investir Carles Puigdemont mais a priori pour tenter d’élire Jordi Sanchez, actuellement incarcéré à Madrid.
Depuis un mois, l’ancien président catalan insiste pour que le juge laisse sortir son numéro 2 afin qu’il puisse devenir le 131e président de la Generalitat. Logiquement, dans une nouvelle audience, le Tribunal suprême devrait demain refuser la libération provisoire du candidat Sanchez. Il parait évident que le camp Puigdemont va toutefois tenter de l’investir président depuis la prison. Si officiellement les indépendantistes n’ont pas exposé publiquement leur plan, les forces dites constitutionnelles sont déjà furieuses de cette manoeuvre. Ciutadans et les socialistes ont annoncé qu’ils saisiraient le Tribunal constitutionnel pour que la loi de la présidence ne puisse pas être modifiée.
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De fait, tenter d’investir Sanchez depuis la prison semble un cul-de-sac. Un indépendantiste bien placé confie à Equinox que « tout cela n’est que de la gesticulation » et que « le Conseil constitutionnel empêchera toute manœuvre ». Avec ce nouvel épisode, Carles Puigdemont cherche un nouvel affrontement avec l’Espagne, afin de continuer à susciter l’indignation chez ses supporters.