La très puissante association indépendantiste ANC élit dimanche son nouveau président.
ANC : Assemblea Nacional Catalana. Trois mots qui ont assez d’influence pour faire descendre 2 millions de personnes dans la rue. L’ANC est à l’origine des grandes manifestations qui rythment l’indépendantisme de ces cinq dernières années. Jordi Sanchez, ex-président de l’entité, est en prison préventive depuis le 16 octobre, justement parce que l’ANC (et sa grande sœur l’association Omnium) se sont joints à une manifestation qui a compliqué les mouvements de la police espagnole lors d’une perquisition devant le ministère de l’Économie catalan le 20 septembre dernier. Ce week-end, les militants de l’ANC vont voter pour choisir le successeur de Sanchez.
En Catalogne, la politique se dessine dans la rue, le terrain favori de l’ANC qui y détient un contrôle quasi absolu. C’est elle qui donne le mot d’ordre pour toutes les manifestations. Avec ses 3 millions de budget annuels, provenant de donations de particuliers et de ventes de produits de merchandising, l’association contrôle le panorama indépendantiste catalan.
Les deux grands secteur actuels du souverainisme catalan se livrent une bataille sans merci pour remporter la présidence de l’ANC. D’un côté, le clan Puigdemont souhaite faire monter la pression face à l’Etat espagnol en tentant de développer la fameuse République catalane. Cette famille est représentée par Adrià Alsina. Ce journaliste et politologue de 35 ans, parfaitement francophone pour avoir vécu à Paris, est l’ancien chef de presse de Jordi Sanchez au sein de l’ANC. Jordi Sanchez est le numéro deux (incarcéré) du groupe parlementaire de Carles Puigdemont. L’élection d’Alsina (soutenu par le bureau sortant de l’ANC) serait un passage de témoin en liaison avec la présidence Sanchez.
Adrià Alsina lors d’une interview Equinox avec la journaliste Leslie SinglaLa seconde mouvance est celle incarnée actuellement par la gauche républicaine indépendantiste (ERC). Dans les interminables négociations qui opposent ERC à Puigdemont pour trouver un accord afin de former un gouvernement, la gauche ne veut plus de mouvements unilatéraux et de désobéissance face à l’Etat espagnol. Au contraire ERC souhaite rendre plus ample la base du souverainisme catalan avec des mesures sociales.
ERC aimerait donner vie à un rapprochement avec Podemos et même avec le parti socialiste catalan, qui pourtant a soutenu le vote au Sénat de l’article 155 de la Constitution suspendant l’autonomie politique catalane. Cette sensibilité de l’indépendance est représentée par la candidature David Minoves. Cet activiste engagé dans différentes causes depuis sa jeunesse est actuellement président du Centre Internacional Escarré per a les Minories Ètniques i les Nacions (CIEMEN).
Signe des temps et de la confusion qui règne dans le monde politique catalan, la candidature de la star médiatique, le journaliste Antonio Baños, a été rejetée par la commission électorale de l’ANC. En bon anarchiste, cet ancien député de la CUP a violé les règles électorales internes de l’ANC en parlant de sa candidature lors d’un débat sur la radio RAC1. L’empêchement de Baños a évidement provoqué un scandale sur les réseaux sociaux. Le vote aura lieu ce dimanche, et une partie du futur proche de indépendantisme s’y joue.