L’opérateur français SNCF prépare une nouvelle étape dans son expansion en Espagne en se préparant pour opérer sur les lignes ferroviaires secondaires. Décryptage.
Déjà présent avec ses TGV inOui sur la ligne Paris-Barcelone, et à travers Ouigo sur les lignes à grande vitesse espagnoles (Madrid-Catalogne, Valence et Andalousie), le groupe veut désormais s’imposer sur un autre segment : les services ferroviaires dits à “Obligation de Service Public” (OSP). Ces lignes, aujourd’hui opérées quasi exclusivement par l’opérateur public espagnol Renfe, englobent les trains de proximité (rodalies et cercanías), les lignes régionales et les dessertes de moyenne distance.
L’entreprise française affirme haut et fort son ambition de devenir un acteur clé du rail espagnol. Son intérêt a été confirmé lors d’une récente consultation publique menée par la CNMC (Commission nationale des marchés et de la concurrence), où la SNCF a soumis plusieurs propositions pour l’ouverture à la concurrence. Elle y plaide notamment pour un service accessible dans toutes les zones, y compris les moins densément peuplées, avec des trains réguliers toutes les heures, des horaires fixes et des tarifs supervisés par une autorité indépendante afin de garantir à la fois accessibilité pour les usagers et équilibre économique pour les opérateurs.
La Renfe n’a pas dit son dernier mot
Mais cette libéralisation ne fait pas l’unanimité. Certaines associations de consommateurs, comme Facua, redoutent une privatisation déguisée, un abandon des zones peu rentables et une hausse des prix. Des experts alertent aussi sur les risques d’un système déséquilibré si la concurrence s’ouvre sur des services largement subventionnés.
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Du côté de la Renfe, les ambitions françaises font grincer des dents. Entre les deux opérateurs, la guerre est déclarée et tous les moyens sont bons. La SNCF a rompu son alliance avec la Renfe de manière unilatérale en février 2022 et opère depuis en monopole sur la ligne TGV Paris-Barcelone. Elle se déploie aussi sur le réseau national à grande vitesse via la marque Ouigo et a déjà grappillé 23% de parts de marché, selon les lignes. Pendant ce temps-là, l’opérateur espagnol peine à faire homologuer ses trains sur le marché français, accusant son concurrent de lui mettre constamment « des bâtons dans les roues ».
Le marché des lignes secondaires, lui, s’ouvrira progressivement. Seuls 3 % des lignes pourraient être mises en concurrence dès janvier 2026. Le contrat actuel avec Renfe court jusqu’en 2027, avec une possible extension jusqu’en 2032. La CNMC considère cette première étape comme un test pour jauger l’intérêt réel des opérateurs et affiner le futur modèle concurrentiel espagnol.