Avril, le nouveau juillet ? Barcelone (déjà) prise d’assaut par les touristes

Le surtourisme à Barcelone semble déjà une réalité alors que nous ne sommes qu’en avril. Sommes-nous déjà noyés sous la masse jusqu’à l’automne ?

Photo : Cyane Morel

Ils sont partout. Sur les trottoirs du Gòtic, sur les plages de la Barceloneta, dans les wagons bondés du métro, sacs à dos en bandoulière et crème solaire déjà étalée (enfin, il vaudrait mieux pour eux vu la météo récente). Barcelone, ces premiers week-ends d’avril, avait des allures de plein mois d’août avec sa première horde de touristes. On exagère à peine. Les terrasses débordent, les Ramblas grouillent de monde, et il faut déjà se battre pour avoir une place sur le sable.

Sauf qu’on est à peine au printemps. Loin, très loin, des grandes vacances. Et pourtant, la capitale catalane semble avoir franchi un nouveau cap dans la surfréquentation touristique, faisant de la basse saison un concept de plus en plus théorique. Même en dehors de la Cité comtale. Maywenn, une Française expatriée à Barcelone depuis 10 ans, a l’habitude de se rendre tous les week-ends, ou presque, à Sitges. Mais fin mars, elle a été prise de court par le monde qui y a déferlé. « Je crois qu’on a bien tourné 20 à 30 minutes en voiture avant de pouvoir trouver une place de parking. Et encore, ce n’était pas du tout dans le centre », indique-t-elle.

Si la plage n’était pas aussi bondée que celles de Barcelone, c’est la situation dans les restaurants qui l’a surtout interpelée. « Les restaurants et les bars de Sitges n’étaient clairement pas prêts pour la haute saison. Ils ont été pris de court, et ça s’est vu. Les restaurants qu’on essayait d’appeler sur la route pour réserver, c’était impossible de parler à quelqu’un », explique-t-elle. « Et quand on est arrivés sur place, on a fait la queue entre 20 et 30 minutes pour être assis à des tables qui étaient vides, car ils n’avaient pas assez de serveurs. Ça, ça ne m’était jamais arrivé à Sitges au mois de mars. »

D’autres réagissent de façon un peu moins… conciliante. « Très bien, ça y est, on est à nouveau « touristifiés » jusqu’en novembre. La plage de Barcelone est pour les touristes, et nous, on prendra le train de banlieue R1 jusqu’au Maresme. Bon, tant pis, on reste planqués chez nous, c’est ça le modèle actuel de la ville », se plaint Alejandro.

« Beaucoup trop de touristes pour la période de l’année dans laquelle on est. Je n’ose même pas imaginer ce que ce sera en plein été. En plus, ce sont des touristes « sandwich et pizza », et s’ils peuvent acheter les ingrédients dans un supermarché moins cher, ils le feront. On les voit rarement dans un restaurant », affirme pour sa part Mercedes.

Surtourisme à Barcelone : quand la perception précède les chiffres

Mais ce « surtourisme » qui semble en avance sur l’heure est-il une réalité, ou une simple impression ? Eh bien… il faudra attendre le mois de juin pour le savoir, quand les chiffres des touristes recensés au mois d’avril sortiront, nous fait savoir la mairie de Barcelone.

« Il y a une différence entre une perception – peut-être liée à ce que vous avez vu ou à l’endroit où vous vous déplacez – et la réalité, appuyée par des données. Par exemple, à la fin de 2024, il y avait eu 100 000 touristes de moins qu’en 2023 », indique Mario Martin, porte-parole de la mairie. « Il faut aussi savoir que les chiffres publiés par la mairie de Barcelone ne concernent que ce qu’elle peut contrôler : les personnes qui dorment dans la ville de Barcelone, car elles paient la taxe touristique, ou celles qui arrivent en avion ou en bateau. Mais si des gens dorment à Lloret de Mar, par exemple, et viennent passer la journée à Barcelone avant de repartir, cela ne peut être qu’une estimation. On ne pourra jamais connaître le chiffre exact. »

Il ajoute que l’adjoint au maire en charge de ces questions a toujours affirmé que la ville était proche de la limite du tourisme, et que ce dernier représente 14% du PIB de Barcelone. « C’est un chiffre important, mais au-delà de ce seuil, il n’y a plus vraiment de valeur ajoutée, il est important de renforcer d’autres secteurs », conclut-il.

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