Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, dans le cadre d’une visite officielle en Chine, se réunit ce jeudi avec le président Xi Jinping. Une démarche qui n’est pas comprise au sein de l’administration Trump. Si l’Espagne se rapproche de l’ennemi numéro un des États-Unis, le pays pourrait se retrouver sur la black list de la Maison-Blanche et subir le retour des frais de douane à 100 %.
Pékin-Madrid-Washington. C’est la nouvelle configuration géopolitique en ce jeudi 10 avril qui pourrait susciter une nouvelle escalade entre les USA et un pays membre de l’Union européenne. D’autant plus que Pedro Sánchez, à la tête de son alliance gouvernementale socialiste/extrême gauche, a été le dirigeant européen le plus virulent contre Donald Trump. Dernier responsable de gauche d’un grand pays, Sánchez s’est fixé pour mission de faire barrage à la vague réactionnaire mondiale.
Que cherche exactement Sánchez en Chine ? Premier dirigeant européen à fouler le sol du pays de la Grande Muraille. En premier lieu : de nouveaux marchés. Notamment dans le secteur de l’automobile électrique, de l’informatique et des panneaux solaires. « Développer les relations commerciales avec d’autres pays, et avec un partenaire aussi important que la Chine, ne se fait au détriment de personne », a déclaré Luis Planas, ministre de l’Agriculture et membre de la délégation officielle espagnole, en réponse aux critiques explicites du gouvernement Trump.
Le même Planas fait preuve d’une grande diplomatie face aux inquiétudes de l’exécutif américain. Il a assuré que « le gouvernement entend parvenir à une solution négociée avec les États-Unis, tout en défendant les intérêts de l’Europe ». « C’est parfaitement légitime », a soutenu le ministre, qui n’envisage pas, du moins pour l’instant, de représailles de la part de Trump ni de conflit diplomatique avec les États-Unis. Plus offensif, depuis le Vietnam, Sánchez a martelé ce mardi que « personne ne gagne dans une guerre commerciale. Tout le monde y perd, et surtout les classes moyennes et les travailleurs. »
Guerre commerciale : l’Espagne dans une zone de turbulence diplomatique
Alors que les États-Unis attaquent la Chine avec une mesure sans précédent – des droits de douane à 130 % –, les déclarations des dirigeants espagnols en faveur de nouveaux liens avec le géant asiatique ont provoqué une réponse directe et publique du secrétaire au Trésor des États-Unis, Scott Bessent. Dans une interview accordée à la journaliste Maria Bartiromo sur Fox Business, Bessent met l’Espagne au pied du mur : « Ce que nous constatons, c’est qu’à mesure que nous élevons le mur tarifaire, le modèle chinois commence à déborder vers l’Europe. Ce que nos alliés, y compris l’Espagne, devraient faire, c’est d’abord parvenir à un accord avec nous. Ensuite, ensemble, nous pourrons affronter la Chine en tant que bloc. »
L’allusion directe à Pedro Sánchez marque une escalade rhétorique dans les relations bilatérales. Jusqu’à présent, le président Trump n’a pas eu de contact direct avec le chef du gouvernement espagnol, contrairement à ce qu’il a fait avec d’autres dirigeants européens. Le premier contact officiel entre les ministres des Affaires étrangères, Marco Rubio et José Manuel Albares, n’a eu lieu qu’il y a une semaine, alors que le premier avait déjà échangé avec ses homologues de dizaines de pays, dont beaucoup ont un poids économique et politique bien moindre que celui de l’Espagne. Bessent, dans son interview, a précisé qu’il considérait que les dirigeants espagnols faisaient « un pari perdant et se mettaient la corde autour du cou ».
En cas de représailles américaines, pour l’Espagne, les États-Unis représentent un marché prioritaire pour l’huile d’olive et les vins. Cependant, se réfugier à l’ombre de la Chine n’est pas sans risque pour un pays de l’Union européenne, que ce soit sur le plan des valeurs démocratiques ou pour des questions de sécurité nationale.
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