Le gouvernement catalan renforce sa politique de régulation du logement en imposant un plafond de loyers aux baux temporaires, souvent utilisés pour contourner la loi. Les logements à vocation touristique restent exemptés.
Photo : Clémentine Laurent/Equinox
La Catalogne franchit une nouvelle étape dans sa lutte pour l’accès au logement. Déjà pionnière dans l’application des plafonnements de loyers prévus par la loi nationale sur le logement, la région devient aujourd’hui la première en Espagne à étendre cette mesure aux locations saisonnières, les fameux « alquileres de temporada ».
Ces types de baux locatifs ont une durée maximale de 11 mois et n’étaient jusqu’ici pas soumis à la loi d’encadrement des loyers. Mais, effet pervers de la loi : de nombreux propriétaires avaient décidé de retirer leur logement du marché locatif des résidences principales pour le proposer en tant que location saisonnière. « C’est clair qu’il y a eu de l’abus, et que c’était pour contourner la loi, la semaine dernière 70% des annonces sur la plateforme Idealista étaient pour des locations temporaires », explique Olivier Goldstein, chasseur d’appartements chez A Place to Live et animateur du podcast Immobilier en Espagne – Mode d’emploi.
Résultat : le marché locatif, déjà saturé, s’est encore durci et trouver un appartement est devenu une vraie galère. Nombreux sont d’ailleurs les Barcelonais, et notamment les nouveaux arrivants, qui ont dû se résigner à accepter une location saisonnière de 11 mois, dans l’espoir de renouveler le bail au terme de cette période ou de trouver un bail résident rapidement.
Une solution « vite faite, mal faite »
Pour tenter de stopper la tendance, le parlement catalan a donc adopté un texte pour appliquer l’indice de référence des prix, calculé par quartier, aux baux temporaires à usage résidentiel. Les locations à usage touristique ou de loisirs ne sont pas concernées. Autre nouveauté : le texte encadre également la location de chambres. Le montant total des loyers perçus dans un logement en colocation ne pourra plus dépasser le plafond applicable à la zone où il se trouve.
Parmi les experts du secteur, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. « Les lois changent toutes les deux semaines, sans qu’on soit prévenus, et il n’y a pas de plan, ce sont des solutions un peu faciles, vite faites et mal faites, poursuit Olivier Goldstein, cela donne une image d’instabilité qui va effrayer les investisseurs ». La mesure, en effet, nait d’abord d’une négociation politique réalisée in extremis entre le gouvernement catalan mené par le socialiste Salvador Illa et les partis de gauche ERC, Comuns et la CUP. L’accord entérine également d’autres revendications de ces partis, notamment la protection des logements sociaux menacés de passer dans le privé.
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Les professionnels de l’immobilier craignent désormais que, le plafonnement des loyers ne faisant pas la différence entre un bel appartement meublé et un vieux appartement laissé sans entretien, le marché ne se dégrade encore considérablement. Pour notre expert, comme les autres lois, ce nouveau texte risque de créer d’autres effets pervers sur le marché de la location. « Les propriétaires vont se retirer de la location saisonnière, et où vont aller se loger les étudiants qui arriveront à la rentrée prochaine, alors que l’on veut faire de Barcelone une ville internationale, avec de grandes écoles internationales ? » s’interroge-t-il.
Mais du côté des organisations du droit au logement, c’est une nouvelle victoire, obtenue quelques jours après la manifestation massive de samedi. « Ceux qui ont rendu cela possible, ce sont tous les locataires qui, lorsqu’on a voulu les expulser, ont décidé de rester, de résister et de descendre dans la rue. Quand nous bougeons, nous les faisons bouger. Personne ne le fera à notre place », a posté le Syndicat des Locataires sur X.
APROVAT. Es regularan els lloguers de temporada i d’habitacions.
Qui ha aconseguit això són cada un dels llogaters que quan els van voler fer fora van decidir no marxar, plantar cara i sortir al carrer.
Quan nosaltres ens movem, els fem moure.
Ningú no ho farà per nosaltres. pic.twitter.com/NNrf66m6op— Sindicat de Llogateres i Llogaters (@SindicatLloguer) April 9, 2025