Les droits de douane des Etats-Unis affectent aussi la gastronomie européenne. Et parmi les produits d’épicerie fine, le jambon serrano espagnol est particulièrement menacé. Mais avec le revirement du président Donald Trump de suspendre pour 90 jours ses surtaxes douanières «réciproques», le secteur est pour le moment soulagé.
Photo : Equinox
Penser à l’Espagne, c’est penser jambon. Sauf que la récente annonce de l’administration Trump d’imposer des droits de douane de 20 % sur les importations en provenance de l’Union européenne pourrait bien changer cet imaginaire, plongeant le secteur espagnol du jambon serrano dans une profonde inquiétude.
Les États-Unis représentent un marché clé pour ce produit emblématique, et ont absorbé en 2024 plus de trois millions de kilos de jambon serrano, marquant une augmentation de 35,8 % par rapport à l’année précédente. Une croissance significative qui témoigne de l’engouement des consommateurs américains pour cette spécialité espagnole.
Un vrai manque à gagner, s’est ému mardi le Consorcio del Jamón Serrano Español, estimant que ces nouveaux tarifs pourraient engendrer un surcoût de 8 à 9 millions d’euros si les niveaux d’exportation actuels.
Heureusement, le retour, pour l’instant, des droits de douanes à 10% annoncés ce mercredi sur le réseau social Truth, c’est le grand soulagement. D’autant plus que les États-Unis constituent le cinquième partenaire commercial mondial de l’Espagne et le principal en dehors de l’Union européenne dans ce secteur.
La revanche du jambon
Si Trump a finalement cédé sur sa politique douanière, c’est que l’ensemble des pays ont annoncé une riposte. Face à cette menace, le gouvernement espagnol de Pedro Sánchez prévoyait un Plan de Réponse et de Relance Commerciale doté de 14,1 milliards d’euros. Ce programme visait à atténuer les effets négatifs de la guerre commerciale initiée par l’administration Trump et à protéger l’économie espagnole. Il comprenait des mesures telles que l’activation d’un cadre spécial pour les aides d’État, la création d’un Fonds d’Aide pour les secteurs affectés, financé par les recettes des droits de douane de l’UE, et l’accélération de la ratification de l’accord avec le Mercosur.
Parallèlement, le Consorcio del Jamón Serrano Español prévoit de poursuivre son plan de promotion en collaboration avec la dénomination d’origine Cava, avec un investissement prévu de 2 millions d’euros jusqu’en 2027. Une initiative qui vise à renforcer la présence du jambon serrano sur les marchés internationaux pour réduire la dépendance vis-à-vis du marché américain au cas oú Trump annoncerait un retour des taxes exorbitantes. En bref, il s’agit d’une mission noble : sauver la charcuterie.