Barcelone à pied : la ligne droite est-elle vraiment le plus court chemin ?

Dans le dédale géométrique du quartier de l’Eixample, où chaque coin de rue est taillé au cordeau par l’urbanisme visionnaire d’Ildefons Cerdà, une question divise les Barcelonais : faut-il tracer une ligne droite ou adopter la technique de l’escalier pour optimiser son trajet à pied ?

Photo : Equinox

La discussion n’est pas anodine. Elle a récemment été relancée sur X par la page de vulgarisation El Loco de Can Fanga, dirigée par Joaquim Campa. Selon lui, la plupart des habitants de Barcelone ont déjà instinctivement intégré l’astuce de « faire l’escalier », une stratégie qui, au-delà de la simple habitude, repose sur des calculs mathématiques.

Prenons un cas concret : se rendre de l’angle Aragó-Muntaner à Rosselló-Balmes. À première vue, les distances semblent équivalentes, car quel que soit l’itinéraire choisi, on traverse sept blocs, chacun mesurant environ 83 mètres, soit 581 mètres parcourus. Mais c’est sans compter sur les fameux « chanfreins », ces bouts de trottoirs apposés devant les bâtiments pour en faire des endroits plus spacieux, à l’origine pour le passage des calèches.

L’illusion de la ligne droite

Si l’on opte pour la méthode « tout droit, puis virage net », on longe 14 chanfreins, ces angles tronqués si caractéristiques de l’Eixample. Chacun mesurant 15 mètres, cela ajoute 210 mètres au trajet, portant le total à 791 mètres. En revanche, en adoptant la stratégie de l’escalier — avancer en zigzag à chaque coin —, seuls huit chanfreins sont empruntés, soit 120 mètres additionnels. Résultat : une distance réduite à 701 mètres. Le gain est modeste, mais réel.

Lire aussi : Le casse-tête des piétons à Barcelone, pourquoi les croisements de l’Eixample ne sont pas carrés

Au-delà de la longueur du parcours, l’escalier présente un autre avantage stratégique : le contournement des feux rouges. En arrivant à un carrefour, si le passage piéton est bloqué, on peut simplement poursuivre sur le trottoir sans perdre de temps. En revanche, avec la méthode en ligne droite, un feu rouge impose une attente forcée. Ainsi, dans la bataille de l’optimisation urbaine, l’escalier l’emporte sur la ligne droite. Un secret de piétons que les habitués de l’Eixample connaissent bien et qui fait toute la différence dans une ville où chaque seconde de soleil compte.

Et si vous n’êtes toujours pas convaincus, Equinox a testé pour vous :

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