Crise du logement : des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Barcelone

Le sujet est toujours brûlant. Et les logements toujours aussi rares et chers. À Barcelone et dans une quarantaine de ville espagnoles, ce samedi a marqué le coup d’une nouvelle manifestation monstre visant à « en finir avec le business du logement ». 

Partout en Espagne et surtout dans la capitale catalane, la crise du logement est foudroyante, ayant fait doubler les prix des locations en 10 ans. À Barcelone, on se rappelle de l’annonce de ce bien postée sur Idealista qui avait reçu une foule de candidatures en décembre parce que proposé à moins de 1000 euros. On pense aussi au tout récent cas de la Casa Orsola, dont le propriétaire voulait faire un logement touristique de courte durée, avant qu’une mobilisation sans précédent ne s’y oppose.

Aujourd’hui, ce sont des centaines de collectifs issus de tous horizons qui se sont unis Plaça Espanya pour faire entendre leur colère, à l’appel des principales associations de droits au logement. L’objectif de cette manifestation : « montrer qu’on en a assez de ces conditions de logement, de l’instabilité quand on arrive à la fin d’un contrat et du désespoir quand on cherche un logement et qu’on ne trouve que des contrats temporaires », explique Enric Aragonès, porte-parole de l’Union des locataires.

Thomas, Français installé depuis de nombreuses années à Barcelone, a fait le déplacement avec sa fille de 10 ans pour manifester. « On espère que ça va changer les choses ». Pour ce père seul avec deux enfants, la recherche d’un appartement dans les limites de son budget est devenu un véritable parcours de combattant. « Nous sommes touchés de plein fouet par la crise du logement car nous devons déménager, et les appartements sont hors de prix, ou ce sont des baux temporaires de 11 mois maximum ». Une situation qui n’est malheureusement pas isolée.

En finir avec le business du logement

Les manifestant réclament de toute urgence à ce que cesse le business du logement à Barcelone. Une problématique que le gouvernement connait bien et dont il est complice, continue Enric, puisqu’il « prend des mesures qui sont dans l’intérêt du lobby immobilier. Le maximum qu’ait fait Pedro Sánchez dans ses allocutions c’est pardonner les taxes des propriétaires », dit amèrement cet enseignant de profession.  Il fait ici référence aux mesures annoncées par le premier ministre espagnol en début d’année, qui disait vouloir, entre autres, exonérer fiscalement les propriétaires des logements dits « accessibles ». Une aberration pour le porte-parole, qui estime qu’il ne faut pas « sauver le marché immobilier mais tout simplement l’arrêter, car ce n’est pas normal que ce soit un business ». 

Ce samedi, les manifestants étaient plusieurs dizaines de milliers, une mobilisation importante mais peu surprenante, continue Enric, qui voit depuis la protestation géante de novembre de plus en plus de participants. Le porte-parole fait état d’une augmentation de 25 % d’affiliation à son association. Il félicite surtout les personnes qui entrent en lutte, « celles qui refusent de partir de leur logement et celles qui ne signent pas quand les contrats comportent des clauses abusives ».

Plus d’une quarantaine d’autres villes espagnoles ont également tenu des manifestations aujourd’hui, illustrant un ras-le-bol qui a atteint les quatre coins du pays, et plus seulement ses grandes métropoles.

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