Chaque semaine, Equinox laisse ses colonnes à une personnalité francophone de Barcelone ou à un membre de la rédaction pour une tribune libre. Et c’est Elisa Brunel, journaliste en formation au sein de la rédaction, qui prend la plume aujourd’hui.
Photos : 080 Barcelona
Après avoir regardé depuis chez moi les défilés à Paris, Milan, Londres et New York, c’est la fashion week barcelonaise que j’ai suivi, en direct, du 1er au 4 avril pour sa 35e édition. Bien que Barcelone soit encore loin de concurrencer les « Big Four » de la mode, elle se distingue par une approche différente de l’industrie.
À la 080 fashion week, pas de grandes entreprises de luxe iconiques et industrialisées mais seulement des petites marques locales ou proposant une mode durable. Cette édition met en lumière les tendances qui façonnent une nouvelle conception de la mode : le recyclage et l’utilisation (et réutilisation) de matières écologiques.
Loin des grands groupes multinationaux comme LVMH ou Kering, ce sont les créateurs locaux et indépendants qui gagnent en visibilité grâce à l’événement. La seule chose que je redoutais : que création indépendante rime avec ringardise et ennui. Au contraire, les collections mélangent le design contemporain, l’avant-garde, le respect de l’environnement et les conditions de travail des artisans : on ne peut pas dire que ça soit toujours le cas dans le monde de la mode.
Les créateurs de cette fashion week catalane repensent sans cesse leurs processus de production. Les matériaux recyclés de 404 Studio, les tissus écologiques de Dominico et les collections à faible impact carbone de The Label Edition sont la base des présentations : c’est ce qui leur apporte une valeur ajoutée.
À 080, le parti pris est aussi de promouvoir des produits à longue durée de vie. Par exemple, la marque COMPTE SPAIN propose des collections créées à 100% à la main en Espagne à base de matériaux de haute qualité en faisant attention à éviter les excès de stocks. Ici, le modèle est circulaire et on cherche à limiter les déchets : un enjeu majeur dans le monde de la mode.
Cet événement n’est pas juste une présentation de plus dans une ville laissée de côté par le gratin de la mode, c’est un coup d’élan pour une nouvelle conception de celle-ci. C’est, enfin, la proposition d’autre chose, d’une mode qui ne tourne pas autour des grandes marques que l’on connaît tous. Et pour tous ceux qui, comme moi, aiment cet univers pour son aspect créatif, ceux qui aiment les beaux vêtements mais qui se sentent en décalage avec le business qui va avec, c’est une véritable bouffée d’air frais.
Pour une fois, la mode peut être autre chose que des créations faites par et pour une élite sans tenir compte de tout autre facteur : écologique, durable, ou social. À Barcelone, c’est la possibilité pour de nombreux jeunes créateurs de se faire connaître, en tenant compte du monde au-delà de la création artistique.