Alors que le monde du travail connaît une profonde transformation, l’Espagne adopte de plus en plus un modèle hybride, où freelances et salariés collaborent au sein des mêmes équipes. Une tendance en forte progression dans le pays, portée par la pénurie de talents et le besoin d’agilité des entreprises.
Travailler avec des indépendants n’est plus marginal en Espagne. D’après une étude menée par la plateforme spécialisée Hays, entre 35 % et 45 % des actifs espagnols exerceront sous ce statut d’ici la fin de l’année. Un chiffre révélateur d’un changement structurel dans la gestion des ressources humaines : les entreprises espagnoles ne cherchent plus à tout internaliser, mais à constituer des équipes flexibles, capables de s’adapter rapidement à des projets précis.
Le modèle est déjà bien en place chez des géants espagnols comme BBVA, Inditex ou Civitatis, mais aussi chez des filiales locales de Microsoft ou Deloitte. Leur objectif : accéder rapidement à des compétences pointues, notamment en data, cybersécurité, IA, marketing ou développement, sans nécessairement recruter en CDI.
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Et la tendance est plutôt nette : en 2023, les missions freelance ont augmenté de 25 % par rapport à l’année précédente, atteignant plus de 11 000 contrats gérés par la seule société Hays. La plateforme Shakers, fondée en 2021 à Madrid, illustre elle aussi cette évolution : elle a géré l’an dernier plus de 3 600 missions.
Plus d’agilité et de flexibilité pour les entreprises
Les entreprises y trouvent un avantage décisif : « gagner en rapidité et en efficacité sur des projets à forte technicité, sans alourdir la structure », confie Arnaud, cadre français qui exerce dans le secteur des télécommunications à Barcelone. Selon un récent rapport de l’Institut Technologique d’ESADE, 3 dirigeants espagnols sur 4 estiment que la bonne gestion des talents externes est désormais essentielle à la réussite de leur entreprise.
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Car au-delà des chiffres, c’est un véritable changement de culture professionnelle qui s’opère en Espagne. Le freelance n’est plus un statut précaire ou temporaire. Il devient « un acteur stratégique à part entière, intégré aux équipes, participant aux décisions et aux livrables », selon Arnaud. Le modèle attire aussi une nouvelle génération de travailleurs, espagnols ou étrangers, en quête de liberté, de variété et de contrôle sur leur emploi du temps.
Mais il pose aussi des défis : intégration à la culture d’entreprise, fluidité de la communication, gestion des ressources humaines hybrides… « Ce sera le challenge de demain, créer des équipes engagées, même si elles sont indépendantes, parfois à distance et travaillent souvent pour d’autres entreprises », reconnait notre cadre dirigeant. Toute une culture du travail à repenser, pour continuer d’attirer les meilleurs talents.
