Le renforcement des contrôles à la frontière franco-espagnole a conduit à des dizaines d’arrestations, dont certaines à Barcelone. Un phénomène qui se propage le long de cette zone limitrophe.
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19. C’est le nombre de perquisitions simultanées menées fin mars par les polices française et espagnole : 14 en France, 5 en Espagne, notamment à Barcelone et La Jonquera. Objectif : démanteler un réseau organisé de passeurs de migrants, qui avait transporté environ 1 700 migrants vers la France.
Les trafiquants opéraient avec une logistique bien rodée. Les recruteurs repéraient les migrants souhaitant rejoindre la France puis les chauffeurs assuraient le transport jusqu’à Perpignan, facturant jusqu’à 200 euros par personne depuis Barcelone, et davantage depuis des points plus éloignés. Selon Europol, le réseau récupérait les migrants près des gares catalanes avant de les acheminer jusqu’à Marseille.
Une frontière sous tension
L’enquête, lancée en 2022, illustre le durcissement des contrôles aux frontières, due notamment au mandat de Bruno Retailleau. Et cette pression policière a des conséquences directes. Portbou, petite ville espagnole limitrophe de la France, en est un exemple frappant.
En effet, face aux contrôles renforcés à La Jonquera, migrants et passeurs se tournent vers des itinéraires bis. Chaque jour, une dizaine d’entre eux tentent donc de franchir la frontière par cette petite bourgade, parfois en prenant un simple train pour gagner la France. Une situation intenable, s’exclamait il y a quelques jours son maire Gael Rodríguez dans le journal Catalan la Vanguardia : « Portbou a besoin d’un contrôle frontalier urgent et quotidien. Les forces de l’ordre doivent être présentes. Nous avons également besoin d’une stratégie de prise en charge des migrants. Je n’ai ni les moyens ni les compétences pour le faire ».
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De l’autre côté de la frontiére, la commune française de Cerbère ne fait preuve d’aucune tolérance. Bastion du Rassemblement national, la ville affiche une politique stricte sur les passages clandestins. Mais Portbou et Cerbère ne sont pas seules. Entre 2018 et 2022, la France a prononcé 240 000 refus d’entrée à ses frontières intérieures.
Face aux contrôles, certains migrants n’ont d’autre choix que d’emprunter les montagnes. Un passage historique, celui de la Retirada, quand des milliers d’Espagnols fuyaient le franquisme au siècle dernier. Mais aujourd’hui comme hier, la traversée est périlleuse. Depuis 2021, au moins quatre jeunes ont perdu la vie en tentant de franchir la frontière par les tunnels sous la montagne.