Pourquoi tout le monde devrait préparer son kit de survie (même en Espagne)

Le lundi, Equinox laisse ses colonnes à une personnalité francophone de Barcelone ou à un membre de la rédaction pour une tribune libre. Et c’est Aurélie Chamerois, cofondatrice et cheffe d’édition, qui prend la plume cette semaine. 

Photo : Clémentine Laurent

Il faut avouer que ça peut faire un choc. L’Union européenne recommande à chaque citoyen de préparer un « kit d’urgence » afin de pouvoir être autonome à la maison durant 72 heures ou pouvoir fuir avec tout le nécessaire en quelques minutes, dans l’objectif de se préparer aux crises et conflits à venir.

C’est tellement gros que ça en est risible. Même la commissaire européenne Hadja Lahbib, ancienne journaliste, a choisi le ton de l’humour pour en parler dans une vidéo diffusée sur X :

Les parodies et moqueries ont inondé les réseaux sociaux et plateaux de télévision, dédramatisant l’injonction, un peu déprimante, il faut le reconnaitre. Les éditorialistes s’insurgent.« On a gravi un échelon supplémentaire dans la stratégie de la peur », s’enflamme Gauthier Le Bret, nouveau journaliste-star de CNEWS. « On est chez les dingues », renchérit Henri Gaino, qui fut conseiller spécial de Nicolas Sarkozy lors de sa présidence.

Mais nos générations n’ont-elle rien appris de ce qu’elles ont vécu et pensaient auparavant impossible ? Pour une raison que je ne m’explique pas, le monde occidental se pense immunisé de toute catastrophe parce qu’il est développé, riche et éduqué. Les vingt-cinq dernières années ne font pourtant que lui donner tort.

Des gratte-ciels du pays le plus puissant du monde qui se sont écroulés comme des châteaux de cartes après le détournement d’avions de ligne. Ou plus récemment, une pandémie qui a causé plus de 2 millions de morts sur le seul continent européen. Des inondations et des sécheresses, dans un lieu après l’autre. Une guerre aux portes de l’Europe. Doit-on vraiment continuer de prendre les avertissements à la légère ?

On reproche souvent aux journalistes d’être alarmistes. Peut-être est-ce parce que nous côtoyons au plus près les catastrophes qui touchent notre propre pays. Que les victimes que nous interrogeons sont des personnes comme nous, que nous aurions pu être à leur place. Que les conséquences sont terribles, bien plus terribles quand nous les vivons sur le terrain que ce que nous arrivons à vous transmettre à travers nos reportages.

Lire aussi : La Catalogne entre sécheresse dévastatrice et inondations soudaines

Si les personnes affectées par les inondations de Valence avaient préparé leur kit d’urgence, elles auraient pu joindre leurs proches plus rapidement, elles auraient eu de quoi boire et manger les premières 24 heures malgré l’inondation totale de leur maison, notamment les enfants, et les malades auraient pu prendre leurs médicaments. Elles auraient eu un peu de lumière, dans cette terrible nuit, la plus longue de leur vie.

Penser que des catastrophes ne nous arriveront jamais, compte tenu de la situation géopolitique et climatique mondiale, c’est vivre dans un dangereux déni. Cela n’arrive pas qu’aux autres.

Look up. Prépare ton kit de survie.

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