L’Espagne caracole en tête des classements dans le secteur de la santé, notamment grâce à son système totalement gratuit et universel. Explication.
Photos : Ajuntament de Barcelona
Alors que de nombreuses familles françaises sont en quête d’un médecin généraliste après un départ en retraite ou un déménagement, une telle situation est impensable en Espagne. Dès l’inscription au centre d’attention primaire (CAP) de son quartier, chaque citoyen obtient son accès aux soins en Espagne. En se voyant attribuer un médecin de famille, qui n’exerce donc pas en libéral, mais au sein de ces centres répartis dans les villes. « Et s’il part à la retraite ou change de poste, on vous en attribue un autre immédiatement », précise le chercheur catalan Joan Cayla, spécialiste en médecine préventive et santé publique. En plus de ce système bien rodé, les médecins sont aussi beaucoup plus nombreux en Espagne : 430 pour 100.000 habitants, par rapport à 320 en France.
Un système plus accessible en Espagne
Le système de CAP permet aussi de mutualiser les ressources et de favoriser un travail en équipe plus efficace. « Médecins, infirmières, personnel administratif et autres professionnels de santé collaborent étroitement », explique le docteur Josep Maria Bellmunt, qui travaille à la Barceloneta. Une organisation qui aide à une meilleure répartition des tâches mais aussi un meilleur suivi du patient puisque tous ces professionnels travaillent sur le même réseau informatique. « C’est un système auquel ont accès tous les professionnels de la santé publique, ce qui facilite grandement la prise en charge du patient, explique Joan Cayla, le médecin de famille peut ainsi avoir accès aux résultats d’examens complémentaires demandés et à son historique complet ».
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Et la formule a prouvé son efficacité. « 85% des problèmes qui ont mené le patient au CAP y sont résolus sans nécessité de recourir à un spécialiste », précise la docteure Violeta Antonio, qui exerce au CAP de la Ràpita, dans le sud de la Catalogne.
Le meilleur système au monde pour les expatriés
Cela fait maintenant plus de 20 ans que l’Espagne est régulièrement citée comme l’un des pays offrant le meilleur système de santé au monde. Selon la dernière étude de l’OCDE, elle se place en seconde position mondiale juste après la Suisse. Le magazine Forbes, lui, l’a placée numéro 1 dans son classement européen des pays proposant aux expatriés le meilleur accès aux soins de santé. Il loue notamment le « dispositif de centres médicaux par quartier ou commune pour lesquels le citoyen ne débourse pas un centime ».
Car non seulement l’accès aux soins primaires est toujours garanti, mais il est aussi complètement gratuit. Ici, pas besoin d’avancer les frais puis de ne s’en faire rembourser qu’une partie. D’ailleurs, oubliez vos moyens de paiement, les CAP ne manipulent jamais d’argent. « C’est un système vraiment universel qui permet à tous d’accéder aux meilleurs traitements », poursuit Joan Cayla. Une facilité d’accès qui encourage les citoyens à consulter.. S’ils s’arment de patience.
Car l’efficacité du système de santé espagnol commence à montrer ses limites, notamment avec l’arrivée massive d’étrangers au cours de ces dernières années. Les médecins ont de plus en plus de patients attribués et de moins en moins de temps à leur consacrer. « La surcharge de travail et la bureaucratie menacent la qualité des soins et la vocation des professionnels. Si nous voulons un système durable et équitable, il faut miser sur le renforcement des centres de soins primaires », indique le docteur Josep Maria Bellmunt.
Ici aussi, le vieillissement des médecins inquiète et les conditions de travail ne font guère rêver les jeunes qui partent de plus en plus à l’étranger. « Un généraliste gagne ici 50 000 euros bruts par an, il peut gagner le double en France voire le triple dans d’autres pays », regrette Joan Cayla. Les professionnels de santé réclament donc des mesures urgentes et des financements pour préserver ce système espagnol qui a fait ses preuves.
Si pour l’instant, les investissements publics tardent à arriver, les avancées technologiques pourraient offrir un début de solution. Depuis le mois dernier, six CAP testent des dispositifs basés sur l’intelligence artificielle pour accélérer la saisie des données et dégager du temps aux médecins. Toujours à l’affût de solutions modernes, l’Espagne pourrait bien conserver sa place à l’avant-garde de la santé mondiale.
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