Publié en début de semaine, le plan de contrôle fiscal 2025 veut sévèrement punir les contribuables affichant des « signes évidents de richesse » sans déclarer de revenus conséquents.
Photo : Clémentine Laurent
« L’attention se concentrera sur les contribuables dont le niveau de vie et les signes extérieurs de richesse ne correspondent pas aux revenus et/ou au patrimoine déclarés » affirme le trésor public dans son plan de contrôle fiscal 2025, diffusé dans le journal officiel, ce lundi 17 mars.
Une détermination sans compromis qui entend bien réduire le chiffre des 200 millions d’euros fraudés, bien que ce nombre ait déjà chuté de 80 % en une décennie.
Le centre d’impôts promet aussi de s’attaquer aux réseaux familiaux complexes, où les actifs sont dissimulés derrière des sociétés-écrans. Les enquêteurs analyseront les structures entrepreneuriales pour identifier les véritables bénéficiaires des revenus et dépenses. Les familles qui répartissent leurs activités entre différents membres pour minimiser leurs impôts seront donc particulièrement surveillées.
La simulation de résidence à l’étranger est un autre axe majeur de cette traque. Le cas emblématique de Shakira, accusée de ne pas avoir payé ses impôts en Espagne en 2012, 2013 et 2014, alors qu’elle y avait vécu durant cette période plus de cent quatre-vingt-trois jours par an (seuil au-delà duquel une personne y est considérée comme résidente fiscale) illustre bien cette pratique. Le fisc espagnol est déterminé à mettre fin à ces stratagèmes, en intensifiant les contrôles sur les résidents fictifs qui profitent de taux d’imposition plus avantageux dans d’autres régions.
Les néobanques et les cryptomonnaies ne sont pas en reste. Le trésor public va renforcer la surveillance de ces nouveaux acteurs financiers, souvent utilisés pour échapper aux obligations fiscales. Les banques numériques, en pleine expansion, seront également sous haute surveillance.
De nouveaux outils
Pour débusquer ces flambeurs, les inspecteurs vont amplifier leur exploitation des sources dites « ouvertes » dont les publications sur Instagram, les articles de presse et les données économiques. Les réseaux sociaux, particulièrement pratiques et déjà utilisés en France pour repérer les ressortissants bénéficiant du chômage mais étant partis en vacances, sont un des outils-clés du fisc.
Encore dans le domaine technologique, l’institution va démarrer sous peu des essais avec l’intelligence artificielle pour acquérir plus d’efficacité dans ses contrôles.
En somme, l’année 2025 s’annonce comme un tournant dans la lutte contre la fraude fiscale en Espagne. Les flambeurs, habitués à vivre au-dessus de leurs moyens déclarés, devront désormais faire face à une vigilance accrue. Le message est clair : l’ère de l’impunité fiscale touche à sa fin.