Selon une étude inédite du Centre de recherches sociologiques (CIS), les catholiques pratiquants seraient les Espagnols les plus satisfaits de leur vie sexuelle. Une révélation qui bouscule quelques idées reçues sur la chasteté et les interdits religieux.
Photos : Clémentine Laurent
« De manière générale, quel est votre degré de satisfaction avec votre vie sexuelle actuelle ? ». Résultat : 35,9 % des catholiques pratiquants se disent « très satisfaits », soit cinq points de plus que la moyenne nationale (30,6 %). À titre de comparaison, les athées (34 %) et les croyants d’autres religions (32,5 %) suivent de près, tandis que les agnostiques ferment la marche avec un modeste 22,3 %.
À première vue, ces chiffres peuvent surprendre. On imagine souvent les pratiquants dans une relation codifiée, contrainte par les dogmes religieux. Pourtant, ils semblent être les plus épanouis sous la couette.
Les couples catholiques se distinguent par leur unité et leur fidélité. Ces éléments favorisent un épanouissement sexuel notable, explique Carmen Sánchez Maíllo, secrétaire académique de l’Institut des études familiales et membre de l’Association catholique de propagandistes au journal La Razón : « celui qui vit un mariage uni, plein et heureux, en accord avec ses convictions, n’a aucun mal à exprimer sa satisfaction dans toutes les facettes de sa vie, y compris sa vie sexuelle ».
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Les textes religieux et les figures catholiques valorisent d’ailleurs depuis toujours la sexualité dans le cadre du couple hétérosexuel. En 2020, le pape François assurait au micro de Radio France que « le plaisir sexuel est fait pour rendre plus beau l’amour et assurer la perpétuation de l’espèce ». Pour lui, le plaisir « n’est ni catholique, ni chrétien, ni autre chose, il est simplement divin ». La dimension sacrée de l’acte sexuel pourrait expliquer l’épanouissement des couples catholiques. Considéré comme un acte spirituellement important, il occupe une place centrale dans la relation et fait l’objet d’une attention particulière.
Une réalité mondiale
Mais cette attention n’est ni inédite ni spécifique à l’Espagne. Partout dans le monde, la satisfaction sexuelle est liée à la religion, quelle qu’elle soit, plutôt qu’au catholicisme. En 2016, en Suisse, une enquête réalisée auprès de 600 personnes affirmait déjà qu’« une forte satisfaction sexuelle est présente dans des styles de couples fusionnels et communicatifs, qui valorisent la sexualité comme manière de se mettre en lien avec l’autre plutôt que comme une activité de loisir ». Les couples mariés, notamment ceux attachés aux traditions religieuses, trouvent donc dans la sexualité une source d’épanouissement plus grande que ceux privilégiant les aventures sans lendemain.
En 2023, au Royaume-Uni, même constat. Dans leur étude, les sociologues Nitzan Peri-Rotem et Vegard Skirbekk expliquent quelques spécificités de la relation amoureuse entre croyants qui peuvent éclairer la situation : ce type de couple est moins permissif à l’égard de l’infidélité et pense que la relation sexuelle ne doit être effectuée que par amour et/ou pour procréer.
La fidélité joue un rôle clé dans l’épanouissement sexuel. En effet, les sociologues rappellent que « pour les chrétiens et les juifs, trois des dix commandements se rapportent au fait d’être satisfait de ce que l’on a (tu ne commettras pas d’adultère ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain ; tu ne convoiteras pas le bien de ton prochain). Par conséquent, […] les individus plus religieux auraient des niveaux de satisfaction plus élevés en ce qui concerne la vie sexuelle au sein du mariage ».
De la même manière, la fréquence du rapport sexuel rentre en jeu lorsque l’on parle d’épanouissement. L’enquête rapporte que peu ou trop de rapports ne satisfait personne, et que « la fréquence du sexe n’est associée de manière significative au bonheur que chez les personnes engagées dans une relation amoureuse ». C’est pourquoi en majorité, les couples mariés monogames sont les plus heureux dans leur vie sexuelle : pas d’infidélité ni trop de rapports sexuels, car pas d’occurrences hors-mariage. De quoi faire réfléchir les jeunes générations, de plus en plus enclines à sortir du schéma monogame.