Le réchauffement climatique ne fait pas déménager que les ours polaires. En Espagne, les dernières statistiques montrent une augmentation de l’achat immobilier dans les régions les plus froides.
Photo de couverture : Manu Mitru
Acheter, c’est l’engagement d’une vie. Et si jusqu’ici beaucoup se ruaient sur les plages du sud de l’Espagne afin de couler des jours tranquilles au soleil, l’avenir climatique change la donne. Car quand on sait que l’érosion des sols s’accélère, que la température monte et que le niveau de la mer augmente, on n’a pas envie d’investir dans un endroit voué à disparaitre et/ou à devenir une fournaise. C’est pourquoi les logements du nord de l’Espagne – moins vulnérables face à ces changements – sont de plus en plus prisés, en témoigne la dernière enquête de la CaixaBank Research.
L’année dernière, les transactions immobilières espagnoles ont bondi de 10 %, avec un engouement marqué pour les régions les plus fraîches. La région de Galice a vu ses compromis de ventes augmenter de 22, 3 %, celle de La Rioja de 20 %, et les Asturias de 18,6 %. Trois zones auparavant peu populaires, mais maintenant sur le devant de la scène grâce notamment à leur température. Là-bas, le thermostat gravite autour de 21 degrés au plus chaud de l’été, loin des 29 degrés parfois ressentis en Catalogne à la même période.
Photo : Xavi Jurio – La Vanguardia
Au-delà de la chaleur qui risque de devenir de plus en plus insupportable, les potentiels acheteurs font aussi attention aux catastrophes climatiques. Greenpeace prévient en effet que d’ici 2030, on s’attend déjà à de très graves répercussions sur le littoral espagnol, particulièrement dans le sud. À la fin du siècle, dans des villes comme Las Palmas (Canaries), la mer aura grignoté plus de 40 mètres de côte, et jusqu’à 70 mètres dans des villes comme Barcelone.
C’est pourquoi ces endroits sont de moins en moins attrayants, et les Baléares ont par exemple enregistré une baisse de 2,8 % de l’achat-vente l’an dernier. Et si le reste des régions ensoleillées ne sont pas en négatif, elles notent des scores assez faibles, comme aux Canaries (4, 6 %), en Andalousie (6, 8 %) et en Catalogne (8, 4 %). Malgré ce recul, pas de panique : ces régions concentrent encore la moitié des transactions immobilières, et les acheteurs étrangers restent friands des résidences secondaires dans le sud.
Lire aussi : Immobilier : où se loger pas cher en Espagne
Au niveau des prix, aussi, acheter plus au nord garde le compte bancaire au frais. Alors que le prix moyen au mètre carré est de 1 972 €, dans les zones moins fréquentées comme la Galice, ce même mètre carré tombe à 1 392 € : une aubaine.
S’adapter au réchauffement climatique
Acheter autre part, c’est bien, mais essayer de réparer le problème, c’est mieux. C’est ce à quoi s’attelle le gouvernement espagnol depuis 2011 : il ne compte pas laisser ses zones vulnérables en danger. Avec le Plan national d’adaptation au changement climatique 2011-2030, il veut « construire un pays plus sûr et plus résilient face aux impacts et aux risques du changement climatique, capable d’anticiper, de répondre et de s’adapter à un climat changeant ».
Concrètement, le plan définit et décrit diverses lignes d’action allant de l’agriculture à la reforestation, des recours hydriques à la protection des milieux marins. Malgré cette organisation et ces efforts, les plages de toute l’Espagne perdent encore des tonnes de sable. C’est notamment le cas de Barcelone, même si cette mise à nu n’a pas l’air d’effrayer les touristes : le record de vacanciers a été battu l’année passée, et on prévoit un nouveau record pour l’été 2025.