Le chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a réaffirmé hier sa volonté d’augmenter les dépenses militaires de l’Espagne, en réponse aux exigences de plusieurs partenaires européens.
« L’Espagne est prête à atteindre l’objectif des 2% du PIB en dépenses militaires, par engagement envers l’Europe et par solidarité avec nos alliés », a déclaré ce jeudi le Premier ministre espagnol. Avec seulement 1,3 % de son PIB alloué au budget militaire, Madrid reste à la traîne par rapport à ses partenaires de l’OTAN. Mais la situation mondiale et les exigences croissantes de ses partenaires obligent l’Espagne à revoir ses priorités.
Pour réaliser cet objectif, le chef du gouvernement a insisté sur une meilleure gestion des fonds plutôt qu’une simple hausse des dépenses. « L’important n’est pas de dépenser plus, mais de dépenser mieux », a-t-il affirmé, tout en précisant qu’il était trop tôt pour estimer l’impact financier sur les citoyens. « Notre engagement envers la transition écologique, la protection sociale et la sécurité est total. Il n’y aura aucune réduction dans ces domaines pour financer l’effort de défense », a-t-il toutefois insisté.
Le gouvernement explore différentes options pour éviter un financement dispersé et redondant entre les pays de l’UE, et plaide pour une mutualisation des dépenses. Il défend aussi une approche plus large qui inclut non seulement l’armement, mais aussi la cybersécurité et la lutte contre le changement climatique, ce qui pourrait modifier le mode de calcul des contributions nationales.
Divisions politiques
Mais si la question ne met pas tout le monde d’accord en Europe, les divisions se font aussi sentir au sein même de l’échiquier politique espagnol. Les formations de gauche, notamment la gauche radicale de Podemos et la gauche indépendantiste d’ERC, se montrent particulièrement opposés à l’augmentation du budget militaire.
À droite, le Parti Populaire (PP) d’Alberto Núñez Feijóo a dénoncé un manque de transparence et reproché à Sánchez d’éviter un vote parlementaire sur la question. En réponse, le président du gouvernement a rappelé que « d’autres gouvernements ont engagé l’Espagne dans des guerres illégales sans passer par le Parlement », faisant allusion à l’intervention en Irak sous José María Aznar.
Le seul soutien explicite est venu du Parti Nationaliste Basque (PNV), qui a salué une approche prudente de la part du gouvernement. « Nous ne jouerons pas à faire de la politique interne avec un sujet aussi grave », a déclaré son porte-parole Aitor Esteban. De son côté, le centre droit indépendantiste de Junts, mené par Carles Puigdemont, négocie son appui en échange d’investissements dans l’industrie catalane afin de profiter économiquement du réarmement.
Pedro Sánchez a d’ailleurs lui-même souligné que l’effort budgétaire pourrait bénéficier à l’économie espagnole, notamment en renforçant l’industrie technologique et de défense du pays. Il a notamment mis en garde contre le risque d’une dépendance excessive à des acteurs privés comme Elon Musk, dont la société Starlink joue un rôle crucial dans les opérations militaires ukrainiennes.