L’Espagne regorge d’expressions imagées qui, vues de France, peuvent sembler pour le moins inattendues, voire carrément scatologiques.
Photo: Clémentine Laurent/Equinox
Dans la lignée des traditions de Noël où la matière fécale est reine, nos voisins transpyrénéens redoublent d’inventivité pour proposer des dictons qui traduisent peut-être d’une certaine obsession pour les affaires intestinales. Ces dichos ne sont pas réservés aux oncles éméchés mais on les retrouve dans la bouche de tous les membres de la société (dans un cadre familier bien sûr.)
Voici un petit florilège d’expressions espagnoles qui étonneront plus d’un Français, à ajouter à son calepin si on veut s’exprimer comme les locaux.
1.Hacer de vientre (Faire du ventre)
Commençons par la plus élégante. Car oui, il arrive aux habitants de la péninsule de faire preuve de subtilité. Un tantinet plus distingué que les autres expressions de notre liste, ce sobre euphémisme reste une façon d’annoncer ses besoins naturels. Ce qui pour un Français reste quelque-chose d’impensable.
- Voy un momento a hacer de vientre : Je vais faire un tour aux toilettes.
Car, ici, on n’hésitera pas à faire état de son transit intestinal et à partager conseils et astuces pour améliorer celui-ci. On ne s’offusque pas donc. Un petit sourire figé devrait suffire à faire comprendre sa gêne à son interlocuteur.
2. Cagando leches (En chiant des laits)
Non, ce n’est pas une manière originale d’exprimer une intolérance au lactose. Cagando leches signifie « très vite » ou « en urgence ». L’expression évoque une fuite précipitée, à la manière de notre « partir en trombe ». En somme une manière un peu plus vulgaire de « filer à l’anglaise » qui se traduit littéralement en espagnol par « fuir à la française » : marcharse a la francesa.
- Salí cagando leches : Je suis parti en quatrième vitesse.
L’origine exacte de cette tournure de phrase reste un mystère. Peut-être une allusion à une fuite d’énergie incontrôlable… Mais parfois, dans une optique de préservation de sa santé mentale, mieux vaut ne pas trop creuser.
3. Estar hecho una mierda (Etre fait comme une merde)
L’équivalent espagnol de notre célèbre « être au bout de sa vie ». Une expression qu’on utilise pour exprimer une grande fatigue ou un état physique lamentable, notamment après une nuit trop arrosée.
- Después de la fiesta, estoy hecho una mierda : après la fête, je suis au bout du rouleau.
Particulièrement indiquée en cas de sévère gueule de bois.
4. Comerse un mojón (Manger une crotte)
Voici l’expression la plus improbable de notre liste. Une manière un peu trop imagée de dire qu’on s’est pris une belle claque ou qu’on s’est fait avoir de manière inattendue. Cette expression est souvent utilisée pour parler d’un échec cuisant.
- Quisé ligar con ella, pero me comí un mojón : J’ai essayé de la draguer, mais j’ai pris un énorme râteau.
Autrement dit, une belle humiliation. Mais, comme on dit le ridicule ne tue pas.
5. Me cago en la leche de tu madre (Je chie dans le lait de ta mère)
Alors qu’en France on se contente d’un banal « NTM », les Espagnols font preuve de plus de créativité. Ici, on ne se contente pas d’insulter, on chie littéralement sur tout et n’importe quoi. Parmi les variantes les plus populaires, on retrouve :
- Me cago en ti : Je te chie dessus.
- Me cago en tus muertos : Je chie sur tes morts.
Et la variante plus polie :
- Me cago en la mar : Je chie dans la mer.
Malgré leur brutalité apparente, ces expressions ne sont pas toujours prises au sérieux et peuvent simplement signifier « ça m’embête » ou « tu m’agaces » de manière un peu ironique Attention toutefois : toute référence aux mamans pourrait bien provoquer une bagarre. À utiliser avec modération, donc. Et ce, à vos risques et périls.